Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bavardages sur le néant

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 13.11.24

 

Il y a quelques années encore, un « chroniqueur » était une plume, ou une voix, qui surgissait de façon régulière, tel jour et à telle heure, pour nous livrer sa compétence, son regard, ses lumières. On l’attendait, on se réjouissait de le lire ou l’entendre. Toute mon adolescence, abonné au Nouvel Observateur, je trépignais de découvrir Delfeil de Ton, ou Jean Daniel, ou Françoise Giroud. Dans les années cinquante, les lecteurs du Figaro brûlaient de savourer le redoutable et souvent vipérin « Bloc-Notes », de François Mauriac.

 

Depuis une décennie ou deux, le mot « chroniqueur » a dévié. Il désigne aujourd’hui, sur les chaînes privées françaises, un homme ou une femme qui s’en vient faire salon au sein d’une équipe, toujours la même. Et qui salive à donner son avis sur tout, et n’importe quoi. Le chroniqueur n’est plus spécialiste, il est juste fragment de mondanité, paravent de bavardage. Le meneur d’antenne aligne les sujets du jour, on part dans tous les sens, les « chroniqueurs » surenchérissent de rivalité dans le génie du Café du Commerce, et puis on va se coucher.

 

Rarement l’usage d’un mot n’aura autant été dévalorisé que celui de « chroniqueur ». Ce qui, à l’origine, procédait d’une connaissance intime du sujet, de la finesse d’une plume ou de la qualité d’une voix, s’est proprement liquéfié, jusqu’à devenir bavardages sur le néant. Ça vous convient ? Moi, pas trop.

 

Pascal Décaillet

Commentaires

  • En plus, sur BFMTV ce matin, dans l’affaire Le Pen, l’actualité se fait cour de justice. Les chroniqueurs de même que Monsieur et Madame Tout Le Monde sont invités à disserter sur une sentence qui n’a pas encore eu lieu ! Par bonheur ou par hasard, Me Collard à eu droit à la parole, un avocat, un pénaliste, pour rappeler aux bavards qu’ils ne sont pas des juges. Quand les préjugés font place à l’information !

Les commentaires sont fermés.