Sur le vif - Dimanche 11.12.22 - 10.41h
Une fois pour toutes, nous devons souverainement nous désintéresser de ce que SONT nos élus, et ne considérer que ce qu’ils FONT.
Depuis l’enfance, il m’est parfaitement indifférent qu’un ministre, un chef d’Etat ou de gouvernement, SOIT quelqu’un de bien. Qu’il SOIT de bonne morale. Qu’il SOIT aimable, sympathique, de bonne humeur.
Seule m’intéresse son action. Il est là pour FAIRE, pas pour ÊTRE. Je ne suis pas moraliste, je déteste même ce monde. Les qualités qui m’intéressent sont la lucidité, la puissance intérieure de jugement, la capacité de solitude. L’aptitude au combat.
J’admire de Gaulle parce qu’il a rétabli l’Etat et la République en 44-45, trouvé en 62 une issue à l’affaire algérienne, tracé avec l’Allemagne le chemin de la réconciliation, et tant de choses encore. Le legs. Palpable. Impressionnant.
J’admire Willy Brandt pour l’Ostpolitik et la génuflexion de Varsovie, en décembre 1970.
J’admire Mendès France parce qu’il s’est donné un mois, le 18 juin 1954, dans son discours d’investiture, pour régler la question indochinoise. Un mois plus tard, il y parvenait. Des actes, toujours des actes.
De Gaulle, Willy Brandt, Mendès France. Ce que ces trois hommes ont été dans leur vie privée, ce que fut leur rapport à la morale, à la bonne humeur, au joyeux compagnonnage, m’est parfaitement indifférent.
Non, tout n’est pas politique. La politique, ce sont les affaires de l’Etat. Le destin de chaque nation. La paix ou la guerre. La victoire ou la défaite. La grandeur ou l’abaissement. Le rayonnement ou la cécité.
La politique, ça n’est pas la vie privée. Ni la nôtre, à chacun de nous, et je ne supporte pas qu’on y touche un cheveu, ni celle des ministres. Eux, jugeons-les à leurs actes. D’innombrables échouent. De très rares réussissent. Cultivons la mémoire des uns, laissons dormir les autres.
Pascal Décaillet