Sur le vif - Samedi 15.01.22 - 18.17h
J'ai multiplié les débats et prises de position, cet automne, sur le risque de pénurie en approvisionnement électrique. C'est peut-être, aujourd'hui, le problème no 1 que doit affronter la Suisse. Faudra-t-il attendre une grande panne nationale pour enfin réagir ?
La Suisse n'est pas seule, face à ce risque : l'Allemagne, notre grand voisin du Nord, premier partenaire commercial, quatrième puissance économique du monde, a exactement les mêmes problèmes. L'Allemagne, ce géant de fer et d'acier, peine avec l'approvisionnement en produits industriels. Son inflation galope. Elle va déterrer le bon vieux charbon pour tenter désespérément de compenser sa décision insensée de sortir du nucléaire. Le charbon ! L'identité même de l'économie allemande, son ADN, depuis la campagne de Frédéric II sur la Silésie, au milieu du dix-huitième siècle !
En Suisse, nous risquons la pénurie. Nous aussi, cédant à la mode de pensée des Verts, nous avons abandonné beaucoup trop vite le nucléaire, sans aucune solution de rechange nous assurant un mode de vie comparable. Et pas seulement le mode de vie : une pénurie pourrait toucher les centres stratégiques assurant la sécurité - au sens large - de notre pays.
L'Allemagne a le charbon. Elle a le gaz des Russes. Mais nous, les Suisses, à part l'hydraulique (qui ne suffira pas), nous n'avons pas de solution de rechange ! Il y a, bien sûr, les énergies renouvelables, le soleil, le vent, le thermique, mais jamais l'addition de tout cela, même dans les meilleures perspectives de développement de ces énergies d'avenir, n'est de nature à nous assurer la souveraineté, l'indépendance, l'auto-approvisionnement. Je vous le dis clairement : la Suisse doit réenvisager le nucléaire, sous des formes modernes, sûres. Elle ne peut tout simplement pas, pour l'heure, s'en passer.
Le Conseil fédéral ? Il dort ! Simonetta Sommaruga, toute à ses sirènes de l'idéologie Verte, totalement acquise à la novlangue des prophètes d'Apocalypse, n'a absolument pas pris la mesure de la gravité de la situation. Gouverner, c'est prévoir. Le dossier de l'énergie ne doit en aucun cas être influencé par des préférences idéologiques : il s'agit des intérêts supérieurs de notre pays, sa souveraineté, sa capacité à agir seul pour sa survie, c'est l'essence même d'une nation. On ne se terre pas dans la Ligne Maginot quand la guerre de mouvement se profile à l'horizon. La Suisse doit agir. Elle doit faire mouvement, justement, sortir de sa torpeur. En fonction, non des modes passagères, mais de ses intérêts vitaux.
L'énergie n'est pas un enjeu idéologique. Mais l'une de nos armes stratégiques, pour survivre. Oui, simplement survivre, comme nation.
Pascal Décaillet