Sur le vif - Dimanche 16.01.22 - 14.16h
En aucun cas, le contribuable suisse n'a à verser le moindre centime pour la presse. Nos impôts, déjà exorbitants pour les classes moyennes, notamment celui sur le revenu du travail, doivent financer la sécurité, la santé publique, l'éducation, les grandes infrastructures de transports. Mais pas la presse.
Et tout cas pas, sous la forme de l'aide directe qui nous est proposée le 13 février. Là, nous ne sommes même plus dans le principe de redevance, qui taxe des usagers. Non, nous sommes dans l'injection immédiate de l'argent du peuple suisse dans des entreprises privées de presse, notamment (et c'est le plus salé !) les milliardaires zurichois qui, ces dernières décennies, ont augmenté leur fortune, déjà colossale, en rachetant des titres , partout dans le pays. Pour la Suisse romande, je ne vous fais pas un dessin.
"L'aide à la presse", c'est une aide aux riches, aux arrogants qui ont financiarisé les entreprises médiatiques, privilégié le rendement pour l'actionnaire, imposé depuis trente ans leur vision néo-libérale, pro-européenne, mondialiste, méprisé les cris du peuple et le besoin de nation, pris de haut les patriotes. Ils se sont enrichis comme jamais. Et en plus, il faudrait les subventionner !
Cette aide aux ultra-riches est une indécence. Mais même en-dehors de cela, l'Etat ne doit jamais aider la presse. On a l'impression, à lire les arguments des partisans, au demeurant des gens très bien, cultivés, agréables à fréquenter, que la presse serait une chose gentille. Parce qu'elle se pose au milieu de la Cité, organise le débat, fait vivre la citoyenneté, promeut la culture. En contrepartie de ces vertus sacerdotales, il faudrait la soutenir. Parce qu'elle n'est plus capable, à cause des méchants géants du numérique, d'assurer son financement, notamment par la publicité.
Cette vision est soit naïve, soit d'un paternalisme dont l'étape suivante sera, un jour ou l'autre, l'interventionnisme. On vous protège, on vous aide financièrement, mais alors, chers médias, charge à vous de respecter les équilibres que la doxa dominante vous dictera. Vous serez pro-Biden et anti-Trump. Vous serez pro-européens, anti-UDC. Vous serez pro-vaccin, pro-Berset. Vous serez contre le nucléaire, pour le renouvelable. Vous serez pro-Otan, anti-Russie. Vous serez pro-climat, pro-GIEC, anti-sceptiques. Bref, on vous file du fric, mais malheur aux déviants ! Vous serez anti-Zemmour, anti-Marine, vous serez pro-Pécresse. Vous serez pour la Raison triomphante, la vision multilatérale du monde, contre l'amour de la nation, que vous vous empresserez d'appeler "nationalisme". En un mot, soyez dans le moule. Et le moule, nous nous chargeons de vous le financer.
Cette conception de la mission des médias n'est pas la mienne. Ce que nous, citoyennes et citoyens libres, devons défendre de toutes nos forces, n'est pas spécifiquement la presse, en tout cas pas les entreprises privées qui la constituent. Ces dernières doivent accepter le jeu de la concurrence, trouver des solutions de financement, et demeurer farouchement indépendantes des pouvoirs publics.
Ce que nous devons défendre, avec la dernière ardeur, c'est la liberté des âmes. Elle peut passer par la presse. Mais de plus en plus, on la trouve ailleurs, notamment sur ces réseaux sociaux que je défends avec fougue, mais que les "rédactions" constituées, les entreprises de presse, toute la machinerie lourdingue de l'insupportable corporatisme journalistique, nous décrivent comme le diable. Par peur. Par panique. Par jalousie de leur succès phénoménal.
Pour ma part, j'en ai assez. Ce corporatisme, je ne veux plus en entendre parler. Je veux des hommes et des femmes libres. Des âmes farouches. Des entrepreneurs indépendants. Des esprits passionnés par l'essentiel : le verbe, le combat, la liberté, la musique, la vie.
Pascal Décaillet