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Vous avez fermé les yeux, M. Poggia ?

 

Sur le vif - Mardi 19.05.20 - 09.17h

 

M. Poggia, vous êtes à la fois le ministre de la Police et celui de la Santé. Cette double casquette vous donne un pouvoir considérable, sans doute sans précédent dans l'Histoire de Genève, depuis les années Fazy.

Un pouvoir immense ! A cause de la crise sanitaire. Des normes très sévères ont été édictées, principalement par Berne. Elles concernent la santé. Et elles concernent la police, chargée de veiller à leur application.

Depuis deux mois, coiffé de ces deux casquettes, vous êtes l'homme le plus puissant à Genève. Vous paraissez, vous ordonnez, vous menacez de sanctions. Vous incarnez le pouvoir en temps de crise.

M. Poggia, hier soir, entre 1000 et 1500 personnes ont bafoué les règles et ordonnances que vous passez votre temps, depuis plus de deux mois, à nous rappeler, nous marteler, pour qu'elles s'impriment bien dans nos consciences.

Réseaux sociaux, films en direct, sous tous les angles, toutes les coutures : l'affaire est claire, nulle distance réglementaire n'a été respectée, on a violé la loi, transgressé les règles.

Témoins, nombreux : la police a laissé faire. Avait-elle des ordres en ce sens ? Si oui, des ordres de qui ?

M. Poggia, la population genevoise, brave et docile, depuis deux mois, s'efforce de respecter à la lettre les consignes de distances. Queues devant les magasins, nul attroupement, nulle grappe humaine. Hier en fin d'après-midi, à Plainpalais, ce fut la masse humaine, toutes distances abolies, tout respect dilué.

Quelles suites juridiques entendez-vous donner à cette provocation ? Entendez-vous fermer les yeux ? Faire semblant de n'avoir rien vu ? Homme de caractère, auriez-vous, comme l'un de vos collègues, peur d'aller contre un effet de mode ? La doxa en vogue vous ferait-elle frémir ? Votre police serait-elle à deux visages, intransigeante pour les honnêtes citoyens confinés, accommodante pour un rassemblement qui défie la légalité républicaine ?

M. Poggia, deux casquettes c'est bien. Pour couvrir le chef. Mais cela donne des responsabilités. Le rassemblement d'hier, sous l'empire des normes par vous-mêmes constamment rappelées, n'avait pas lieu d'être. Ses responsables, aisément identifiables, doivent en répondre. Ceux qui appellent publiquement à recommencer, avec dix fois plus de monde, si on ne cède pas à leurs exigences, aussi.

Sinon, à quoi sert la loi ? A quoi sert la République ? A quoi sert un gouvernement ? A quoi sert un ministre ?

 

Pascal Décaillet

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