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L'échelle du mercure

 

 

Sur le vif - Mardi 17.12.19 - 12.51h

 

N'imaginez pas une seconde que l'idée de nation vienne d'en haut. C'est des racines de la terre qu'elle surgit, des colères du peuple, de ses élans fraternels, de son bonheur physique à se reconnaître et s'identifier à l'intérieur d'un périmètre donné, les frontières.

La nation vient d'en-bas, le cosmopolitisme est une construction abstraite des gens d'en-haut. Pas tous, Dieu merci. Mais ceux pour qui la frontière, l'intérêt national, la protection d'une communauté identifiée qui s'est donné des lois, constituent des empêcheurs de jouir sans entraves et de spéculer à l'échelon planétaire.

Alors, du sommet de leur morgue et de leur mépris, ceux-là traitent les gens d'en-bas, attachés à la nation, à la frontière, aux traditions, de vieux conservateurs dépassés. "Frileux", disent-ils même, comme s'ils tenaient seuls l'échelle du mercure.

La nation vient d'en-bas. Les premiers qui ont pris sa défense, versé pour elle leur sang, peu vêtus, mal chaussés, les Soldats de l'An II, n'étaient autres que le peuple de France, le plus simple et le plus pauvre, seul contre les coalitions de têtes couronnées qui voulaient maintenir, dans toute l'Europe, les privilèges de l'Ancien Régime. Lisez Michelet, c'est sublime.

Aujourd'hui, ce sont les gens du peuple qui sont conservateurs. A l'heure où j'écris ces lignes, ils ne sont pas au pouvoir, écrasés par les codes et l’Étiquette des clercs. Mais méfiez-vous : ils sont nombreux. Et en politique, il y a toujours un moment où le nombre, pluriel par excellence, finit par tenir un rôle singulier.

 

Pascal Décaillet

 

 

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