Sur le vif - Mardi 04.12.18 - 05.58h
En portant Macron au pouvoir, en mai 2017, la France a élu un président à contresens. Un défenseur de l'Europe, alors que le château de cartes de Bruxelles est en voie d'écroulement. Un ultra-libéral orléaniste, valet des financiers, quand les peuples d'Europe redécouvrent un impérieux besoin d'Etat, de protectionnisme et de solidarité sociale. Un affidé à Mme Merkel, au moment où l'Europe aurait justement besoin d'une France forte, pour équilibrer le retour de la puissance allemande, y compris en matière stratégique et militaire.
Du coup, nous voilà avec un président en total décalage. Jeune, intelligent, dynamique, il ne comprend tout simplement pas le monde qui l'entoure. À quoi lui sert sa formation philosophique, si c'est pour raisonner dans le vide, sans le moindre ancrage dans la connaissance de l'Histoire, domaine dans lequel il accumule les énormités chaque fois qu'il y tente une immixtion verbale ? On dirait que cet homme ne sait pas que l'Histoire est tragique. Autre parallèle avec le jeune Giscard, dont il n'a hélas pas la dimension d'arbitrage.
Les BHL et les Cohn-Bendit soutiennent Macron, c'est dire si l'affaire est mal emmanchée. L'image, face à la France profonde, est dévastatrice : l'appui des mondialistes cosmopolites, un ploutocrate et un opportuniste, n'est sans doute pas le blason le plus reluisant pour celui qui, par sa fonction, incarne l'exceptionnelle continuité française.
Augmenter le prix de l'essence, touchant ainsi les plus faibles et les plus oubliés des provinces sous-équipées, alors qu'on a commencé son quinquennat par des largesses envers les plus nantis, dénote un sens politique relativement limité. Si l'homme eut de l'instinct pour se hisser au pouvoir, avec l'appui sonnant et trébuchant de la haute finance mondiale, il en est hélas totalement dépourvu dans son rapport au pays profond. Il serait peut-être temps qu'il en tire les conséquences.
Pascal Décaillet