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Pierre Maudet : Retour de l'île d'Elbe

 

Sur le vif - Samedi 24.11.18 - 07.04h

 

Le coup de poker de Pierre Maudet, bonapartiste dans l'âme, a des accents de Retour de l'île d'Elbe : une prise de risque inouïe, couronnée de succès, mais sans lendemain possible.

 

Lorsque l'Empereur débarque à Golfe-Juan, le 1er mars 1815, avec une poignée de fidèles, il n'est rien face à la masse des forces royalistes. Mais il sait une chose : Louis XVIII n'est rien, lui, face à l'Histoire, et rien non plus dans le cœur des Français.

 

Alors, il tente la folle aventure. Avec ses quelques grognards, ses Simon Brandt à lui, il s'enfonce dans les montagnes, direction Grenoble, et remonte vers Paris. Et là, le miracle se produit : les populations l'acclament, "l'Aigle vole, de clocher en clocher".

 

En moins de trois semaines, il est à Paris. Il reprend sa couronne. Mais hélas pour lui, plus rien n'est comme avant. Les Français voulaient bien voir surgir une dernière fois l'Aigle noir, mais les rêves d'Empire et de gloire sont déjà dévorés par les mites de la Restauration. À l'extérieur, la Coalition, très vite, se reforme. Et cette fois, l'Aigle aura face à lui le Duc de Wellington. Ce sera Waterloo. Ce sera la vraie fin.

 

Avec son coup de maître (que nous annoncions lundi soir), en appeler à la base pour tétaniser le Comité directeur, Pierre Maudet réussit un retour qui rappelle à la fois celui de l'île d'Elbe ou, pour prendre une comparaison plus récente, la contre-attaque allemande dans les Ardennes, fulgurante mais brève, en décembre 1944.

 

Voilà qui lui accorde un répit. Mais c'est sans lendemain. La confiance est entamée. Le réseau, déchiré. La remontée des renseignements, tronquée. Et, si la base de son parti a plus de légitimité que les 31 membres d'un Comité directeur, ce que nous croyons volontiers, alors l'Aigle devrait poursuivre sa logique jusqu'au bout : solliciter sans tarder la seule onction qui vaille pour lui, celle du suffrage universel.

 

Pascal Décaillet

 

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