Sur le vif - Dimanche 26.08.18 - 09.51h
Correspondant à Berne, j'avais couvert à fond, début 1992, le Septième Rapport sur l'Agriculture. A Jean-Pascal Delamuraz, j'avais demandé si les paysans suisses étaient vraiment prêts à prendre le virage environnemental qui était attendu d'eux, en contrepartie des paiements directs. La question, à l'époque, se posait. La réponse, c'est le moins qu'on puisse dire, n'allait pas de soi.
En bien ce jeu, nos agriculteurs et éleveurs, je puis le dire 27 ans après, l'ont admirablement joué ! Perçus comme peu sensibles à l'écologie dans les années 70 ou 80, les paysans suisses ont orienté leur production vers un modèle résolument respectueux de l'environnement, soucieux de qualité. Ils ont joué la carte du terroir, ils se sont battus pour de beaux produits.
Cela, pourtant, relevait d'une contrainte intérieure, à laquelle on sait l'âme paysanne, par nature, plutôt rétive. Une condition-cadre fixée par la Confédération. Nos paysans ont joué le jeu. Sans doute perçoivent-ils les orientations venues de Berne comme plus naturelles, puisqu'elles fixent le cap d'une politique nationale, que l'ouverture au vent glacé de la concurrence mondiale, voulue par une clique de néo-libéraux furieux qui ont pris en otage, depuis un quart de siècle, la politique économique et commerciale de la Suisse.
Pascal Décaillet