En France, la liberté d'expression n'existe plus. Il y a des choses qu'on ne peut plus dire, des idées qu'on ne peut plus défendre. Dès que vous tentez de les émettre, une armada de régulateurs vous tombent dessus.
Ils défendent l'orthodoxie de la pensée. Il faut sanctifier l'Europe, même en faillite, et faire passer la nation pour un archaïsme. Il faut gommer l'Histoire, éradiquer la mémoire, vouloir du passé faire table rase.
Il faut sublimer le nomade, mépriser le sédentaire. Il faut déifier l'Autre, en s'ignorant soi-même. Interdire de lire des écrivains qu'on n'a soi-même pas lus. Respecter la liste de ce qui est lisible, convenable, ne pas s'en détourner, jamais.
Il faut être dans le rang. Régulateurs en chef de toute déviance à cet ordre établi de la pensée, quelques figures du Palais des glaces parisien. Ils sont marquis, admis au Coucher du Roi, courtisans du pouvoir en place, sécateurs de têtes qui dépassent. Ils nivellent, normalisent. Ils urbanisent la pensée.
Bien heureusement, ces choses-là n'adviennent qu'en France. Ou peut-être, aussi, en Perse. Dans notre bonne Suisse romande, chacun sait que la liberté d'expression est totale. Nul communautarisme, jamais, ne tente de l'étouffer.
Nul courant dominant. Nulle coterie professionnelle. Nul réseau de géomètres. Nulle Olympe, pour décréter le bien.
Heureux sommes-nous de n'être point en France. Ou pire : dans les noires profondeurs de la Perse.
Pascal Décaillet