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Séguin : l'homme qui avait vu juste

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Sur le vif - Jeudi 05.07.18 - 09.57h
 
 
Rarement, face à l'Histoire, un homme n'aura eu autant raison que Philippe Séguin, ce magnifique gaulliste social et colérique, face à François Mitterrand, alias Dieu, dans leur débat sur le Traité de Maastricht, le 3 septembre 1992, dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, devant vingt millions de téléspectateurs.
 
 
Correspondant au Palais fédéral, j'étais moi-même, à cette époque, en train de sillonner la Suisse dans tous les sens, pour couvrir la campagne du 6 décembre, sur l'Espace économique européen. J'avais néanmoins pu voir le débat Séguin-Mitterrand. Passablement subjugué (je le suis depuis 1965) par le second, j'avais néanmoins été impressionné par le courage du premier : oser affronter le Prince, qui avait pour lui la quasi-totalité des médias, plus serviles que jamais.
 
 
Séguin avait été un peu trop poli, à limite de l'onctuosité. Sans doute était-il, lui aussi, en grande émotion à l'idée de s'opposer en public au monarque. Mais il l'avait fait. Il avait plaidé pour la France, l'idée qu'il s'en faisait, il avait exposé sa conception ombrageuse, sourcilleuse, magnifique de l'indépendance de son pays. Et il avait expliqué que cette souveraineté passait par le droit de frapper sa propre monnaie. Et non de s'aligner sur le cours du Deutschemark, car c'était cela l'enjeu !
 
 
C'était l'époque où Mitterrand, sur toute la ligne, se faisait avoir par l'Allemagne. Sur les Balkans. Sur la monnaie unique. Ca n'était plus la beauté de la Réconciliation de Gaulle-Adenauer, ni de l'amitié Schmidt-Giscard, ni même de sa propre main tenue, à Verdun, dans celle d'Helmut Kohl. Non, c'était en train de tourner, de devenir l'acceptation, par la France, d'une Allemagne forte et prédominante, sur la scène européenne. Trois ans seulement après la chute du Mur.
 
 
Dans ce climat d'euro-béatitude, entretenu à grands frais par la propagande Mitterrand, Philippe Séguin avait eu le courage de dire NON. Deux semaines plus tard, la moitié de l'électorat français était avec lui. Une moitié juste trop petite face à... l'autre moitié : Maastricht passait d'extrême justesse.
 
 
Aujourd'hui, je me souviens de Philippe Séguin. Je parlais souvent de lui avec mon ami Pierre-Alexandre Joye, hélas lui aussi disparu. Les souvenirs n'encombrent aucunement nos vies : au contraire, ils leur donnent sens, chaleur et lumière.
 
 
Pascal Décaillet
 
 

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