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La Suisse, l'Europe, et la triste jouissance des juristes

 

Sur le vif - Mercredi 04.07.18 - 19.43h

 

Sur les relations CH-UE, le Conseil fédéral a décidé aujourd'hui de... ne rien décider. On demeure flou sur les contours d'un "Accord institutionnel" que personne ne nous a jamais demandé de dessiner. On cherche un front uni dans un marais disparate. On s'invente, au sein du collège, des querelles internes qui n'intéressent que les sémanticiens du bruissement. Le couple Cassis-Berset fait penser à de talentueux duettistes de cirque, ils mettent l'ambiance, attirent l'attention, et on se dit que par cette chaleur, ils pourraient tout autant vendre les glaces à l'entracte.

 

Face à une Union européenne qui se liquéfie, son pays le plus puissant (l'Allemagne) étant en permanente crise politique depuis des mois, et nulle solution continentale n'étant apte à régler les flux migratoires, pourquoi diable la Suisse, qui n'en est pas membre, devrait-elle à tout prix se démener pour un "Accord-cadre", ou un "Accord institutionnel", dont les désespérantes syllabes ne font jouir que la tristesse solitaire de quelques juristes ?

 

L'Union européenne se défait, elle n'a d'ailleurs jamais existé, sinon comme une fiction d'ordre multilatéral, servant de paravent au renouveau, depuis 1989, de la puissance politique allemande. Elle se dilue, s'abolit, le château de cartes s'effondre, et en Suisse, la doxa journalistique du Palais fédéral prend des airs de Vicaires de la Rédemption lorsqu'il s'agit des méandres de "l'Accord-cadre", ou de "l''Accord institutionnel". Comme si le destin de l'Europe, ou celui de la Suisse, dépendaient de ce lionceau de papier, déjà promis à l'oubli, avant même que d'être.

 

L'avenir du continent européen, pour les années qui viennent, c'est le retour des nations. Plus ces dernières sont petites, fragiles, ce qui est le cas de notre pays, plus elles devront défendre avec une inflexible rigueur leurs intérêts supérieurs. En Suisse, nous avons à défendre notre souveraineté, notre démocratie directe, qui nous est si précieuse, la richesse de notre fédéralisme. A quoi j'ajoute sans hésiter notre cohésion sociale, fruit de plusieurs décennies, depuis la Guerre surtout, allez disons depuis l'AVS (1948), de patiente édification de réseaux de solidarité et de mutualité, au bénéfice des plus faibles.

 

Face à cela, la recherche d'un "Accord-cadre", ou d'un "Accord institutionnel" avec une Union européenne promise à l'éclatement et aux lambeaux, chaque citoyenne, chaque citoyen aura à faire son choix. Pour ma part, c'est fait.

 

Pascal Décaillet

 

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