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Vanité des étendards

 

Sur le vif - Dimanche 14.01.18 - 18.22h

 

Longtemps passionné par l'Histoire des partis politiques (en Suisse, en France, en Allemagne), illuminé par les études d'Olivier Meuwly sur les sources et l'évolution du radicalisme en Suisse, je crois de moins en moins aux bons vieux partis, avec leurs fidèles membres, leurs grands-messes, leurs assemblées de délégués, comme relais du débat démocratique.

 

Oh, pour quelques décennies, ils seront sans doute encore là. Mais la politique change ! La démocratie directe, à commencer par la pratique de l'initiative populaire, fonctionne beaucoup plus par regroupements d'énergies autour d'un objectif, que par l'adhésion de toute une vie à telle paroisse, telle chapelle, avec ses médailles reconnaissantes pour trente, quarante ans de sociétariat.

 

Et puis, il y a les réseaux sociaux. Aujourd'hui, ile ne remplacent pas les partis. Mais demain ? Après-demain ? Sortis de l'âge du poste à galène (cf mon dernier texte sur le sujet), ils vont constituer, dans les années qui viennent, un mode de partage et d'acquisition des connaissances, de fédération des énergies dans tel ou tel combat ponctuel, qui pourrait bien rendre caduques les bonnes vieilles réunions hebdomadaires de comitards, avec leurs banderoles qu'on sort dans les grandes occasions, comme d'autres sortent la Madone pour la Fête-Dieu, leurs Cènes de la vie partisane, leurs petites trahisons, leurs Judas, leurs Passions à la petite semaine.

 

De quoi sont nés les partis ? De la liberté de réunion et d'association issue de la Révolution française. De la nécessité, aux aurores de la République, de se fédérer sous une bannière, la Gironde ou la Montagne, le Club des Jacobins. Dans les villages, défiler dans une même fanfare, avec son lieu de répétition à quelques dizaines de mètres de la fanfare rivale. Et puis, se réunir, boire des verres, monter des coups. Héroïque époque, avec ses grognards, sa geste et sa légende.

 

Tout cela, oui. Mais aujourd'hui ? Demain ?

 

Les partis ne sont pas morts, loin de là. Mais déjà, j'entrevois le temps où la politique se fera autrement que par batailles rangées sous la couleur des étendards. Gestion par objectifs, comme dans les initiatives ! Il n'est, au fond, exigé de personne, sauf dans un surmoi où le rêve le dispute à la folie, de passer sa vie dans le même parti, privilégiant ainsi la cimentation paroissiale, et la permanence du clan, à l'intérêt supérieur d'une communauté humaine.

 

Un jour, la politique se fera sans les partis. Mais rassurez-vous, pas tout de suite. Je vous laisse. J'ai mon Stamm.

 

Pascal Décaillet

 

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