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Eloge des réseaux sociaux

 

Sur le vif - Vendredi 12.01.18 - 12.55h

 

Les réseaux sociaux, j'y crois dur comme fer. Ils peuvent devenir le vecteur d'informations et de partage citoyen de demain. La possibilité, pour chacun, de contribuer à une forme d'intelligence collective, constitue une avancée majeure. Je plaide ici contre la cléricature longuement détenue par ma profession, c'est ainsi, c'est le sens de l'Histoire.

 

Seulement voilà. Pour que les réseaux accèdent au stade de médias, il faudrait qu'ils s'activent à sortir de leur maladie infantile : mélange total entre vie privée et publique, fausses nouvelles (ne le nions pas, tout de même), primat de l'éruptif sur le réflexif, etc.

 

Maladie infantile : je fais souvent la comparaison avec les premiers postes à galène, apparus au début du vingtième siècle, ancêtres de la radio.

 

Quelques originaux avaient chez eux un émetteur TSF. Ils s'en servaient pour des conversations privées, entre eux, sans le moindre intérêt collectif. Et puis, un jour, avec exactement la même technique, on a commencé à inventer la radio, au tout début des années 1920. Et puis, un autre jour encore, ces radios ont commencé à faire de l'information.

 

Comme les structures coûtaient très cher, et que l'enjeu était une aubaine pour toutes sortes de propagandes (et pas seulement dans les régimes totalitaires), ce sont les Etats qui ont géré les radios, puis (dès le début des années 50) les TV. Cela s'est appelé l'ORTF. Cela s'est appelé la BBC. Cela s'est appelé la RAI. Cela s'est appelé la SSR. Elle était loin, très loin, l'époque individualiste des conversations farfelues, sur les postes à galène.

 

Les réseaux sociaux, comme les premiers postes à galène, doivent évoluer vers les notions d'intérêt collectif et de service public. Ils doivent à tout prix conserver le génie de liberté d'expression et d'universalité des auteurs qui constitue, aujourd'hui, leur puissance d'attraction. Oui, un média pour tous, et non pour les seuls clercs. Mais cheminant, au fil des ans, de la carte postale purement privée, vers une aventure plus collective, plus orientée sur la recherche de l'intérêt commun. Cela, tout en laissant la parole à tous.

 

Les médias traditionnels peuvent se contorsionner tant qu'ils le veulent, se draper dans leur rôle de gardiens du Temple, ils ne freineront pas l'émergence des réseaux. Pas plus que les journaux, il y a un siècle, n'ont empêché l'avènement de la radio. Ni la radio, celui de la TV. Ni tout cela, l'arrivée d'Internet en 1995.

 

Nous en sommes encore au poste à galène. À l'ère infantile. Mais les réseaux vont évoluer, dans les années qui viennent. A cet égard, la responsabilité individuelle de chaque contributeur est en cause. A chacun d'entre nous de décider quelle pierre - ou quelle fenêtre - il entend apporter à cette passionnante architecture collective.

 

Pascal Décaillet

 

 

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