Commentaire publié dans GHI - 01.07.15
Parler de la Grèce, c’est parler de nous. Parce que la Grèce, c’est nous. Athènes, c’est Genève. Je ne parle pas, bien sûr, de la situation financière de ce pays, incomparable avec la nôtre. Mais je parle de l’exceptionnelle matrice que cette civilisation, trois fois millénaire, représente pour nous. Et pas seulement dans les très riches heures de l’Antiquité. Mais la Grèce de l’indépendance (1830), la Grèce de la guerre, la Grèce d’aujourd’hui.
Olivier Reverdin (1913-2000), que j’ai eu la chance et l’honneur d’avoir comme professeur. André Hurst, magnifique transmetteur de passions. Bernhard Böschenstein, jeteur de ponts entre la littérature de la Grèce antique et celle de l’Allemagne, principalement à l’époque de Friedrich Hölderlin. Sans compter plein d’autres profs extraordinaires, comme Jean Rudhardt , Philippe Borgeaud, les historiens, les archéologues, les poètes, les traducteurs. Au siècle de la Réforme et de l’humanisme, Genève éditait déjà les Grecs. Sans oublier le rôle de Jean-Gabriel Eynard et de Capodistria dans le processus ayant conduit à l’indépendance grecque.
Oui, il existe entre Genève et la Grèce, ancienne mais aussi moderne, contemporaine, la Grèce d’aujourd’hui, l’invisible chaleur d’un lien d’exception. L’émotion y tient une place aussi importante que celle de la raison. Alors, en ces heures où ce pays ami, qui nous a tant nourris, vit d’immenses difficultés, je lui dis ici l’intensité de mon sentiment, de ma reconnaissance. Que les Grecs restent ou non dans la zone Euro, leur civilisation demeurera, pour toujours, la mère de l’Europe. Nous lui devons tout. Aujourd’hui, ne les oublions pas.
Pascal Décaillet
*** Image : fragment du papyrus de l’Évangile selon Saint Jean, Fondation Martin-Bodmer, Cologny.