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Préférence cantonale : la victoire du MCG

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.11.14

 

Préférence cantonale : il y a encore cinq ans, ces deux mots ne faisaient partie que du vocabulaire MCG. Ils étaient rejetés, conspués, vilipendés par les partis au pouvoir. Quand vous osiez les avancer dans une conversation, c’est juste si on ne vous traitait pas de fasciste. Il fallait croire, c’était obligatoire, à l’ordre libéral du monde, le salut par le libre-échange, la libre circulation des personnes, sans la moindre entrave. Il fallait abolir les frontières, jugées ringardes dans les cocktails des dominants. Il fallait renoncer à l’idée de communauté humaine organisée à l’intérieur de limites : ce qu’on appelle par exemple un canton, ou un pays. Aujourd’hui, tout cela s’est effondré. La préférence cantonale est au rendez-vous. Les mêmes, qui naguère la prenaient de haut, maintenant la prônent. Singulier retournement, qui en dit long sur la nécessité en politique d’avoir du courage, se battre, ne pas craindre la solitude ni les quolibets, fuir, oui absolument fuir la compagnie tiédasse des suppôts du pouvoir, toujours les mêmes, dans l’oligarchie genevoise, circulaire et recommencée.

 

Oui, c’est cela, la grande leçon. Elle est valable, aussi, pour ce marécage illisible qu’on a cru bon d’appeler le « Grand Genève », étiquette devant laquelle tout le monde s’était aussi prosterné. Parce que ça faisait bien de penser global, respirer global, mépriser le tracé d’une frontière dûment héritée des chocs et des frottements de l’Histoire. Il n’y aurait eu qu’une grande région, Genève, Vaud, Ain, Haute-Savoie. Jamais on ne s’est avisé de procurer à cette improbable construction de l’esprit la moindre légitimité démocratique. Non, le Grand Genève était pensé d’en haut, ruminé d’en haut, ne pas y croire c’était retourner au paléolithique. Eh bien aujourd’hui, fin novembre 2014, il est où, le Grand Genève ? Disparu ! Evaporé ! Les mêmes quotidiens bleutés qui naguère ne juraient que par lui, font part aujourd’hui de leurs doutes. Le même Grand Horloger du Conseil d’Etat qui avait présidé à ce grand projet, vient aujourd’hui regretter son manque de lisibilité. Mais enfin, qui, Monsieur Longchamp, si ce n’est vous-même, étiez responsable de le rendre « lisible » ? Il y a des moments, oui, où les citoyens que nous sommes ont le droit de s’énerver, clamer leur colère, dire qu’on s’est payé leurs têtes.

 

Alors maintenant, il faut commencer à dire que ça suffit. Ancrée, vendredi 21 novembre, par une directive de Mauro Poggia, la préférence cantonale a gagné la bataille. Enterré par celui-là même qui l’avait sacralisé, le « Grand Genève » ne fait plus peur à grand monde. Mais ça suffit, oui, de se laisser monter le bourrichon par une cohorte de snobinards, juste le fan’s club des conseillers d’Etat à la mode, donc leurs laquais, qui viennent comme ça, du promontoire de leur superbe, du Cervin de leur arrogance, nous bourrer le mou avec la terminologie du clinquant. Juste pour faire mode, transfrontalier, post-moderne. La réaction citoyenne face à ces oligarques ne doit pas seulement s’opérer sur le front des idées. Mais sur celui du vocabulaire : plus question de se laisser enfiler n’importe quoi par n’importe qui. Rassurez-vous, je ne parle ici que de mots. Rien de grave, si ce n’est l’essentiel.

 

Pascal Décaillet

 

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