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Le pardon, la création, la rencontre

 

Commentaire publié dans GHI - 12.03.14

 

« Le pardon est antérieur à la création ». La phrase a du souffle. Elle est si puissante qu’elle nous laisse pantois, incrédules dans notre reconstitution personnelle de toute Genèse, ou toute Théogonie. Elle fut prononcée dans Genève à chaud, ce lundi 10 mars, par l’un des meilleurs spécialistes de la philosophie juive, Maurice-Ruben Hayoun. Surtout, elle fut prononcée dans un moment de grâce : la rencontre de cet incroyable érudit avec, face à lui, George Bizos, 85 ans, avocat sud-africain d’origine grecque, défenseur de Nelson Mandela lors de son procès en 1963. Bizos est l’un de ceux qui ont évité la peine de mort au héros de la lutte anti-apartheid.

 

Hayoun-Bizos. Ces deux-là, dix minutes avant l’émission, ne se connaissaient pas. Et soudain, le miracle d’une rencontre. Mandela, nous dit Bizos, malgré ses 27 années de prison, n’a jamais éprouvé le sentiment de vengeance. Il a toujours prôné la vérité et la réconciliation. Et face à lui, le vieux lion du barreau de Johannesburg a un immense connaisseur de la Bible qui nous parle du pardon. Antérieur à la création ! Et ce défi à toute chronologie, que ni Hésiode ni les Pères de l’Eglise n’ont osé, vient résonner, lorsque nous sommes en présence de MM Bizos et Hayoun, comme quelque chose, au fond, de parfaitement concevable. Miracle d’une rencontre. Miracle de la vie. Etincelles, choc de silex. Dans la nuit de l’ordinaire.

 

Pascal Décaillet

 

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