Sur le vif - Mercredi 12.03.14 - 09.26h
Il y a deux dimensions dans la fronde de "certains députés de droite" contre la loi Longchamp (PPE). Il y a d'abord le fond: sur ce point, il faut bien reconnaître que le projet du Conseil d'Etat présente une dimension plus sociale, ouverte au plus grand nombre, que ce que réclame le quarteron de mousquetaires de droite qui a mené la guérilla contre lui. Mais il y a aussi - et il est étonnant que la TG omette de mentionner cet aspect - toute l'ampleur de la leçon qu'une partie de la droite parlementaire, au-delà du sujet lui-même, veut donner à un magistrat dont l'arrogance et la volonté d'extension de pouvoir et de placer les siens partout, sont sans limites.
Alors, je dis à la TG: quand vous évoquez un sujet, traitez-le jusqu'au bout. Jusque dans sa dimension humaine, qui implique la rude noirceur des jeux de pouvoir. Parce que juste montrer la tête de deux socialistes (un gentil et un méchant), en une, qui volent au secours du gentil magistrat radical contre les hideux promoteurs - dont on laisse entendre dans l'édito que l'un d'eux roulerait pour lui ad personam - là c'est promouvoir une vision partielle. Et partiale. C'est, une fois de plus depuis tant d'années, faire le jeu de l'homme de pouvoir François Longchamp. La TG est devenue le véritable porte-parole officiel de ce conseiller d'Etat, ainsi que de son acolyte Pierre Maudet. C'est son droit. Mais il faut juste le dire.
Bref, si demain soir, le Grand Conseil se contente de désavouer les mousquetaires de la droite et de revenir purement et simplement au projet Longchamp (avec, pour la forme, quelques corrections centristes, juste destinées à ne surtout pas se brouiller avec le pouvoir), les PPE seront peut-être vaguement gagnantes, soit quatre ou cinq mille personnes dans un canton qui en compte près d'un demi-million, c'est dire à quel point nous sommes dans un sujet luxueux. Mais le signal d'inféodation donné à l'arrogance au pouvoir serait catastrophique. C'est cela, en évident filigrane du sujet lui-même, le véritable enjeu de ce vote. Il émarge au rapport de forces interne à la droite, en cela il est l'un des combats amiraux de positionnement des troupes pour la législature. Si la TG ne veut pas voir cela, tant pis pour elle.
Nombre de gens, à Genève, sont plutôt d'accord, sur le fond, avec le Conseil d'Etat, dans cette affaire. Mais un nombre au moins aussi grand verrait d'un très bon œil que le magistrat en question reçoive une bonne leçon de la part d'un Parlement qu'il n'a cessé de rabaisser. Jusqu'à demander, il y a quelques semaines, un vote nominal, au mépris de toute séparation des pouvoirs, ce que le Perchoir aurait aussitôt dû lui rétorquer avec toute la fermeté d'usage.
Hélas, au Perchoir, cette année plus que jamais, la barbichette est reine.
Pascal Décaillet