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Scénario pour une Revue

 

Fagments - Mercredi 24.10.12 - 15.08h

 

Acte III, scène 1 – Bureau crasseux, rideaux jaunâtres, vieilles Remingtons, ventilateurs années quarante empesés de sirocco. Bouteilles de whisky bon marché servant de vases à des plantes pestilentielles. Le bureau du juge D. Rien ne se passe. C’est la scène du silence.

 

Acte III, scène 2 – Le juge D. somnole. Dans un tintamarre d’enfer, le juge G. surgit comme un métal hurlant, se rue sur son collègue, veut lui faire avaler sa barbe. Par la fenêtre ouverte, on n’entend que le bruit des sirènes. C’est le Super-Procureur qui arrive.

 

Acte III, scène 3 – Déjà, le juge G. a pris la fuite. Le juge D. cherche ses lunettes, hélas écrasées par la piétinante folie de l’intrus. Il saigne du nez, tente de se relever. Retombe. Il revoit passer sa vie, une vie de juge, l’intimité des prétoires, la jouissance des dossiers. Il est là, presque heureux, à gésir au milieu des cafards.

 

Acte III, scène 4 – Brisant la fenêtre, le Super Procureur arrive. Du ciel ! Cuir noir, moulant, masque sur les yeux, grande cape, celle des side-cars de la Wehrmacht, à l’époque bénie de la Meuse franchie. Incommodé par l’odeur, le Super Procureur se protège les narines d’un revers de son gant de dresseur d’aigles.

 

Acte III, scène 5 – Les scellés – Le juge D., encore à terre, tout à gésir, regarde, impuissant, la porte du paradis se refermer. Rends-nous les documents, hurle le Super PG, l’infortuné juge déjà n’entend plus. Déjà, il est ailleurs. Une délicate mésange, sur le rebord de la fenêtre, vient se poser. Elle a la grâce du passage. Rideau.

 

Pascal Décaillet

 

 

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