Sur le vif - Dimanche 16.09.12 - 09.34h
Sandrine Salerno. Thierry Apothéloz. Manuel Tornare. Pour l'automne 2013, au Conseil d'Etat. Ou peut-être un autre encore. Ou peut-être aucun des trois, ni aucun autre. A ce stade de décomposition et de guerres claniques, il n'est pas assuré que le parti socialiste, cette composante indéfectible (à part la parenthèse dite monocolore des années 93-97) des gouvernements genevois depuis des décennies, ait le moindre élu dans la prochaine équipe gouvernementale.
Quant à ceux qui mettent tant d'énergie à débriefer l'échec monumental du 17 juin (cf le papier de Laurent Keller dans le Matin dimanche d'aujourd'hui), on aimerait qu'ils en investissent un peu, aussi, pour faire vivre et rayonner leur Département de la Culture autrement que par des "conditions cadres" et autres jargons technocratiques. Bref, Genève attend de M. Kanaan, si possible avant la Trinité, une idée un peu puissante, autre que simplement commémorative, pour insuffler le goût salé, aventureux, de la création, du risque, de la transgression, de l'audace. Ce qu'on appelle, communément, la culture.
Si le PS, à Genève, continue de composer ses castings en boudant le meilleur d'entre les siens, le plus populaire, le plus éligible, mais aussi le plus compétent en matière de gouvernement, il continuera, désespérément, de courir à l'échec. Vouloir à ce point, sous le paravent de l'idéologie, en réalité pour des logiques de clans, nier la composante personnelle d'une élection, s'imaginer que la mise à l'écart des meilleurs sauvera le parti, relève d'une esthétique du suicide certes raffinée, mais dont l'efficacité n'est pas prouvée.
Le parti socialiste genevois a contribué à faire l'Histoire du canton. Il possède des femmes et des hommes de grande valeur, attachés à l'Etat, comme le sont les radicaux. Il a donné à Genève de grands hommes, comme Chavanne. Mais là, malgré un président plein d'énergie et de bonne volonté, il s'est engagé dans une spirale de l'échec. Un homme, actuellement à Berne, pourrait faire beaucoup pour relancer la machine, rendre au parti du lustre et de l'éclat, renouer avec le succès. Le parti, assurément, serait bien sot de renoncer, pour une troisième fois qui du coup serait fatale, à faire appel à lui. Le suicide, c'est bien, mais comme valeur littéraire, chez un Montherlant, une Marguerite Yourcenar (Zénon, dans l'Oeuvre au noir), ou un Malraux (Kyo, la Condition humaine).
Tiens, Malraux. En voilà, un ministre de la Culture qui avait de la vision. De Lausanne à Genève, ces temps, on peut penser à lui avec regret et nostalgie.
Pascal Décaillet