Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 04.11.10
Férus de Lumières, dont ils ne cessent de se réclamer, François Longchamp et ses puissants conseillers de l’ombre ont-ils ouvert un jour « L’Esprit des Lois » ? Montesquieu, comme on sait, y prône, quarante ans avant la Révolution française, la séparation des pouvoirs. Exécutif, législatif, judiciaire.
Ce principe, le Conseil d’Etat genevois le foule allégrement de ses pieds les plus crottés : dans un communiqué publié hier 16h, où il déplore l’interruption du procès BCGe, le gouvernement cantonal « entend que le pouvoir judiciaire agisse avec détermination afin que le procès des anciens dirigeants et des réviseurs se tienne ».
« Le Conseil d’Etat entend… » ! Un exécutif, Monsieur Longchamp, n’a strictement rien à « entendre » du pouvoir judiciaire. Il n’a aucune instruction à lui donner. Hélas, le communiqué d’hier vient confirmer votre théâtrale déposition, où vous sembliez prendre, déjà, bien des libertés avec le principe de séparation.
Le pouvoir, tel un élixir, monterait-il à la tête ? Inciterait-il à tout voir à l’envers ? A l’instar du bon Saint-Eloi, garde noire du roi Dagobert, un conseiller charmant et cultivé. Qui voyait juste. Même pour le pantalon royal. De l’envers à l’endroit, il n’y a que le charme – passager mais si jouissif – d’une chanson.
Pascal Décaillet