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Raison d'Etat



Édito Lausanne FM – Mardi 11.12.07 – 07.50h



La visite de Mouammar Kadhafi en France, en grande pompe et pendant plusieurs jours, la première depuis 1973, irrite les bonnes âmes. Bernard Kouchner dit son malaise. La secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Rama Yade, parle de symbole scandaleusement fort.

Ils peuvent regretter tant qu’ils veulent, gémir, geindre, il n’y a, en France, depuis un demi-siècle, qu’un seul patron pour la politique étrangère, il n’est ni au Quai d’Orsay, ni dans un improbable secrétariat d’Etat, mais bel et bien à l’Elysée. Le patron, c’est le Président de la République.

Cela, c’est pour la forme. Reste le fond, qui donne totalement raison à Nicolas Sarkozy dans cette affaire. Il faut, une fois pour toutes, le rappeler aux droits-de-l’hommistes : il n’a jamais été écrit nulle part que la politique étrangère ne consistait qu’à traiter avec des gens convenables. La politique étrangère, ça n’est pas, ça ne doit pas être, un cortège de morale et de bons sentiments ; c’est l’un des leviers des intérêts supérieurs de la nation, rien d’autre.

Kadhafi n’est pas un saint. Et alors ? La France a parfaitement le droit de mener, face au monde arabe, auquel elle est liée par une équation historique, face à l’Afrique du Nord encore plus, la politique qui est la sienne. Laquelle, jusqu’à nouvel ordre du monde, que personne de lucide, pour l’heure, ne voit vraiment poindre à l’horizon, ne se décide ni à Bruxelles, ni à Washington, mais à Paris.

Dans la réception de Kadhafi, il y a l’argument économique, les contrats. Cela fait partie du jeu. Mais il y a surtout le signal politique. Voilà un président, Nicolas Sarkozy, qui n’avait pas nécessairement très bien commencé en politique étrangère, déclarant à Washington une flamme atlantiste qui ne correspond pas au sentiment profond des Français. On a pu, un moment, se dire qu’on était entré dans l’ère de l’obédience. Et puis, là, voilà comme un rappel : la France reçoit qui elle veut, quand elle veut, comme elle veut, elle n’a en aucune manière à en référer à ses alliés. Cela porte un nom, bien lointain pour Sarkozy, au point qu’il donnait presque l’impression de l’avoir oublié : cela s’appelle le gaullisme.

Reste enfin que, pour la politique arabe, notamment méditerranéenne, la diplomatie française, riche de deux siècles de réseaux, à vrai dire depuis le voyage de Bonaparte en Egypte, puis par la présence coloniale, a sans doute un peu plus de pertinence à entrer en action que les gros sabots de l’Oncle Sam, dont on peut goûter et apprécier à sa juste mesure, depuis bientôt cinq ans, l’éclatant succès en Irak.


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