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Poignards en plastique



Édito Lausanne FM – Lundi 12.11.07 – 07.50h

Deux élus de gauche, pour le canton de Vaud, au Conseil des Etats, c’est une première, et il convient, avant tout, de féliciter les deux gagnants. Ils étaient, l’un et l’autre, de bons candidats ; leur victoire, c’est à eux-mêmes qu’ils la doivent.

Voilà donc, pour la première fois depuis 1848, le parti radical, le grand vieux parti qui a fait ce canton et qui a fait la Suisse, absent de cette Chambre des cantons dont il aura écrit quelques riches heures. C’est une défaite historique, une de plus depuis le 21 octobre, et qui vient toucher le cœur même du radicalisme romand, son Arche sainte : le canton, que dis-je le pays, de Druey et de Delamuraz.

Le vieux parti, oui, n’échappera pas à une remise en question totale de ce qu’il est, du poids des habitudes, de la vieillesse écornée de ses réseaux, de sa nullité en matière de communication. Cela passera, bien sûr, par un changement de tête, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps, mais aussi par un vigoureux travail de redéfinition politique.

Et puis, il y a eu Jacques Neirynck, et son appel à ne pas voter pour le ticket de droite. Dieu sait si cet homme multiforme, créatif, génial à certains égards, m’est sympathique, je lui ai même consacré un film de la série « Plans fixes ». Mais là, je ne comprends plus. La cohérence, la crédibilité – déjà friables – de la démocratie chrétienne suisse ont été atteintes par cet étrange appel, ignorant allègrement que la politique est affaire d’alliances à long terme, et surtout que le Centre, cette vaste illusion, n’existe pas.

Oh, certes, la victoire de la gauche n’est pas due à ce coup de poignard en plastique du PDC : l’écart est bien trop grand. Mais tout de même, aussi puissant soit le fédéralisme des sections cantonales, il est étonnant qu’un seul homme, au nom d’une sensibilité personnelle, puisse ainsi casser la grande alliance républicaine qui, en tant d’occasions, a permis de faire avancer la Suisse moderne, celle du radicalisme avec la démocratie chrétienne. À ce petit jeu-là, vouloir plaire à la gauche, non seulement la droite perd des voix dans ses propres troupes, mais, surtout, elle n’en gagne pas une seule, en retour, au sein de la gauche, laquelle ne fait jamais de cadeaux.

En politique, le Centre n’existe pas. En politique, il y a la droite, il y a la gauche. Nées du conflit entre ces deux pôles, comme une étincelle de deux silex, peuvent émerger des solutions centristes. Mais par résultante, par antagonisme dialectique. Se poser là au milieu, et dire « Je suis au Centre », ne saurait tenir lieu de message politique. C’est une position qui ruine le courage, et qui ruine la politique.

La démocratie chrétienne, à l’exception d’ultra minoritaires chrétiens-sociaux, fait partie, que je sache, de la famille des partis bourgeois. Qu’elle en soit l’aile sociale, familiale, soit. Mais elle en fait partie. Qu’elle ait des états d’âme face à l’UDC (dont Guy Parmelin, au demeurant, n’apparaît pas comme la plus extrême des excroissances), cela se peut concevoir. Mais qu’elle entraîne les radicaux dans la chute, il y là, oui, un problème de loyauté et de cohérence qui se pose. Le slalom, c’est bien. La politique, c’est mieux.


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