Liberté - Page 65
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Les requins, on les a assez vus !
Sur le vif - Mercredi 28.02.24 - 12.46hIl est totalement inadmissible qu'un opérateur téléphonique appartenant majoritairement à la Confédération, donc au peuple suisse, se lance dans des rachats massifs d'entreprises étrangères. Détestables pratiques, nées de l'ultra-libéralisme délirant des trente dernières années, et qui touche aussi La Poste.Citoyen suisse, je dis que ça suffit. Les entreprises en mains majoritaires de la Confédération doivent travailler dans un sens de service public au peuple suisse. Et non tenter de régater avec les requins privés. Rigueur. Définition des objectifs en fonction des intérêts supérieurs du peuple suisse, et non des fluctuations des marchés financiers. Priorité absolue au marché interne.Où est le contrôle politique ? Au moment où, Dieu merci, s’essouffle le règne des golden boys et des boursicoteurs, que vient faire ce rachat d'un géant italien ?Quant à la droite suisse, il est temps qu'elle s'affranchisse des cinglés du Veau d'or, qu'elle coupe les ponts avec les mondialistes. Qu'elle redevienne une droite nationale, rigoureuse dans la gestion des budgets public, soucieuse du marché interne, des PME, de notre industrie, de notre agriculture, de la cohésion et de la solidarité nationales. Une droite au service du peuple, pas à celui du profit spéculatif.Les requins, on les assez vus !Pascal Décaillet -
Oui, l'école primaire m'a rendu heureux !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.02.24
J’ai eu la chance immense, là où j’étais, d’avoir un enseignement exceptionnel à l’école primaire. A l’âge de sept ans, en 1965, j’ai sauté la deuxième, et me suis retrouvé directement en troisième primaire. Là où j’étais, on l’appelait la dixième. J’ai adoré l’école. Au point que, dès l’enfance, j’ambitionnais d’y passer toute ma vie : d’abord, comme élève, puis, dans une sorte de continuité naturelle, comme prof. J’aimais l’école, j’aimais ma famille. Et je vouais un culte à l’extraordinaire mappemonde lumineuse, avec tous les pays du monde, toutes les capitales, reçue le jour de mes sept ans. Je me figurais la vie comme une immense bibliothèque. Et d’ailleurs, ces pays, sur le globe enluminé reçu pour mon anniversaire, je les imaginais parfaits. L’idée même qu’il pût s’y dérouler des guerres, des horreurs, m’était totalement étrangère. La Chine était rose, le Brésil était jaune, la France était bleue et grise, l’immense Russie était verte, jusqu’à la mer du Japon. Heureuse enfance, où chaque nation se signale par une couleur, et où la simple caresse de cette mappemonde, si maternante, donnait aux bouts des doigts des frissons de chaleur, ceux générés par l’ampoule de l’intérieur.
Ces années du primaire, entre 1965 et 1969, ont vu passer Mai 68, à quelques semaines de mes dix ans. J’écoutais beaucoup la radio, je comprenais que mes aînés, les étudiants de vingt ans, n’étaient pas contents. Je peinais à les comprendre, parce que moi, l’école me rendait heureux. Et puis, il était totalement exclu, pour moi, de contester le Général de Gaulle, que ma mère adorait, donc moi aussi. Le miracle de ces années, c’était d’abord celui de la poésie. Chaque semaine, un poème nous était dicté (pas question de photocopies, à l’époque !). Et nous avions quatre jours, sur notre propre écriture, pour l’apprendre par cœur. Il s’agissait de le réciter « à haute et intelligible voix » (cette expression me terrorisait, tout en m’excitant follement), debout près de l’institutrice, devant toute la classe. Il fallait respecter la prosodie, respirer juste, tenir compte de chaque virgule, donner au « e » muet son statut pour que le nombre de vers y soit. C’était, au fond, très proche de la musique. Dans cet exercice de haute voltige, le « Héron » de La Fontaine est un pur chef d’œuvre, autour du souffle, de la syllabe tue, et celle que l’on dit.
Et puis, il y avait l’Histoire, en l’occurrence celle de France. Un manuel, magique, un grimoire. Les rois, les reines, les batailles, les traités, le régicides écartelés, comme Ravaillac. C’était du Michelet, pour enfants. C’était narratif à souhait, rebondissant d’événements, tout ce que l’École des Annales, au début du vingtième siècle, avait condamné. Mais moi, j’adorais. Cette école, surgie des hussards de Péguy, était-elle meilleure que celle d’aujourd’hui ? Chacun jugera. Mais une chose est sûre : je l’ai aimée, passionnément. Et le vent, du poète belge Emile Verhaeren, « le vent sauvage de novembre », siffle encore, plus que jamais, dans mes oreilles.
Pascal Décaillet
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Ukraine : Macron a fumé la moquette ?
Sur le vif - Mardi 27.02.24 - 15.14hTrois jours après un pataquès totalement inédit, pour un Président de la République, au Salon de l'Agriculture, voilà qu'Emmanuel Macron nous lâche une déclaration irresponsable sur l'Ukraine. Le locataire de l'Elysée envisage, comme scénario possible, l'envoi de troupes terrestres "occidentales" sur le théâtre d'opérations ukrainien. Donc, clairement, contre les Russes. Peut-être vient-il de relire Guerre et Paix, tomber amoureux de Natacha, et l'ombre de 1812 plane-t-elle sur ses désirs.Folie. Folie de le penser. Folie, encore plus, de le dire. Folie, au nom de "l'Occident", un mot qui camoufle l'obédience de la France macronienne aux Etats-Unis d'Amérique, d'en surajouter à la frénésie anti-russe qui saisit notre continent, sous dictée, sous pression, de Washington.La guerre en Ukraine n'a pas commencé le 24 février 2022. Ni même en 2014. Non, elle procède d'une lente, patiente, tenace stratégie du complexe militaro-industriel américain, depuis le 9 novembre 1989 (chute du Mur), de progresser vers l'Est, jusqu'à chatouiller sous son nez l'Ours russe.Après la chute du Mur, le Pacte de Varsovie, se dissout. L'Otan continue. Et n'en peut plus de s'étendre à l'Est. Dernier épisode en date : la Suède, qui sort de sa neutralité, fait allégeance à l'Oncle Sam, elle risque de le regretter.L'affaire ukrainienne doit être considérée en parfaite froideur analytique. Avec le cerveau, non avec la morale. Elle doit être inscrite dans la perspective de l'expansion des Etats-Unis d'Amérique à l'Est de l'Europe. Le rôle de l'Allemagne, dans les années qui viennent, doit nous interroger tout autant, car il s'agit là d'une puissance européenne, la première, et la quatrième mondiale, ayant quant à elle une équation de premier plan avec l'Ukraine. La question des denrées agricoles y est fondamentale. Le jour où les Etats-Unis, revenus à l'isolationnisme dans leur perpétuel mouvement de balancier, se lasseront du conflit entre Kiev et Moscou, une puissance européenne prendra le relais dans l'affaire ukrainienne : l'Allemagne.Dans ces conditions, qu'un commensal de bistrot, éméché par l'appel de l'Est, harponne ses copains de bar par des propos belliqueux du style "Envoyons des troupes terrestres en Ukraine !", eh hop au passage on meurt pour Dantzig, et on suspend son linge sur la Ligne Siegfried, pourquoi pas ?Mais il n'est pas certain que cette posture de matamore soit digne du Président de la République française.Pascal Décaillet