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Liberté - Page 504

  • La jouissance du contremaître

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 29.04.20

     

    Le télétravail ? Voilà des années qu’il était déjà possible ! Des années perdues, pour les entreprises, pour la société surtout, par conformisme, par ronron, par paresse du changement. Et plus que tout, pour maintenir, dans les boîtes et dans la fonction publique, le bon vieux contrôle physique du petit chef, version bureautique du contremaître industriel, celui qui vient vérifier, derrière votre dos, si vous faites bien votre boulot. Il aura fallu une toute petite bête, maligne et virale, pour souligner la vanité de ces rapports hiérarchiques, où la sournoiserie de la domination le dispute au génie de la tracasserie.

     

    Il y a des métiers où il faut être là physiquement. Mais il existe de nombreuses fonctions, dans une activité professionnelle, qui peuvent s’exercer derrière n’importe quel écran d’ordinateur, là où on est. Dans ce second cas, le télétravail, qui valorise la confiance et la compétence (au final, il faut bien que le boulot soit accompli), vaut mille fois mieux que venir compter ses heures dans les locaux de son employeur.

     

    La notion même de « bureau », création de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, et surtout du vingtième, est de plus en plus caduque. Pourquoi continue-t-on à construire des surfaces commerciales à Genève, alors qu’une quantité d’entre elles, aujourd’hui, sont vides ? Moins de déplacements, moins de jouissance dominatrice chez les petits chefs, moins de pollution, et le boulot qui sera quand même fait ! C’est le moment d’être révolutionnaire. Ou alors, c’est à désespérer.

     

    Pascal Décaillet

  • Nul ne colonisera nos consciences !

     

    Sur le vif - Mardi 28.04.20 - 16.36h

     

    Passionnant reportage, hier soir, sur l'Histoire du café, du thé, du chocolat. Principalement depuis le 18ème siècle, même s'il faut remonter bien antérieurement.

    Le libre-échange britannique, dans toute sa splendeur. Le rôle de la Compagnie des Indes. La guerre commerciale avec la Chine, la guerre de l'opium. La construction de l'empire commercial britannique, via Ceylan (le thé Lipton), les Indes, les colonies d'Asie et d'Amérique. La consolidation, dans le même temps, d'une marine commerciale et militaire (la Royal Navy), incomparable.

    Ce qui frappe, c'est à quel point toute la puissance commerciale britannique est tournée vers la mer, le vaste monde, ces fameux "océans" que Churchill vient convoquer en alliés du salut, dans son discours aux Communes, le 13 mai 40, celui du sang et des larmes.

    Ce libre-échange, vital pour le destin britannique, est à l'exact opposé de nos nécessités, de nos traditions continentales. Tant dans l'Allemagne de Bismarck, avec son protectionnisme et ses lois sociales, que dans la France jacobine et colbertiste, sans oublier la Suisse de 1848, la puissance de l'Etat est centrale. Non pour se substituer à l'économie, mais pour l'encadrer, lui donner des règles, au service d'un impératif supérieur : la cohésion sociale.

    L'Angleterre n'a pas cette tradition-là. Malgré la grande exception que fut la période travailliste d'après-guerre, celle de Clement Attlee, avec ses nationalisations.

    Notre Europe continentale, notre France, notre Allemagne, notre Italie, notre Suisse, ont d'autres valeurs historiques et référentielles que la simple exaltation du libre-échange, du marché, de la valse invisible des exportations, de la plus-value financière sur le travail humain.

    A cet égard, le Brexit demeure, pour qui sait lire l'Histoire, un événement d'importance mineure. Le plus étonnant n'a pas été que le Royaume-Uni quittât la construction européenne. Mais qu'il y fût, un jour de 1972, entré.

    Avec une Europe sociale, solidaire, fondée sur la culture et sur les valeurs, toutes choses dont l'UE est hélas aujourd'hui très éloignée, la Suisse saura, un jour, trouver un chemin. Non d'obédience, mais de partage.

    En attendant, indépendance, souveraineté, travail, confiance et respect mutuels. Nous ne sommes pas une puissance coloniale. Mais nous ne laisserons personne coloniser nos consciences.

     

    Pascal Décaillet

  • Juste la rage

     

    Sur le vif - Dimanche 26.04.20 - 10.33h

     

    Souveraineté. Protectionnisme. Indépendance nationale. Contrôle des flux migratoires. Solidarité à l'interne. Cohésion sociale. Priorité absolue aux citoyennes et citoyens. Suffrage universel. Démocratie directe. Protection de l'environnement, des paysages. Qualité de vie. Respect mutuel. Économie au service de l'humain, et en aucun cas le contraire. Refus absolu de la finance de casino. Défense de l'agriculture, du terroir. Souveraineté alimentaire, énergétique, sanitaire. Et puis, souveraineté tout court, donc politique de sécurité active, éveillée.

    Ces valeurs, je les défends depuis toujours. Aujourd'hui, elles semblent bénéficier d'une certaine audience. Mais il y a vingt ans, au tournant des deux millénaires, fin des années 90, début des années 2000, je les défendais déjà, âprement. Nous n'étions pas beaucoup, en Suisse romande. L'écrasante majorité avait versé dans le culte du Veau d'or, la sanctification de l'argent facile, le profit cosmopolite et mondialisé, l'abolition des frontières, l'universalisme ultra-libéral.

    Mes quelques compagnons de route de ces années difficiles, où il a fallu se battre avec acharnement pour faire valoir ses idées, et payer parfois fort cher (oh oui !) ce combat, je sais exactement qui ils sont. Une poignée ! Avec eux, dans l'ordre d'une invisible communauté d'appartenance et de combat, je communie.

    Les convertis de la 25ème heure, je les identifie aussi, un par un. Sur eux, nul commentaire. Juste la rage.

     

    Pascal Décaillet