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Liberté - Page 491

  • Toutes les manifs - Sauf une !

     

    Sur le vif - Samedi 30.05.20 - 17.19h

     

    Je suis ennemi viscéral de toute manifestation. Jamais participé à aucune, de toute ma vie. Je rejette absolument cette culture de la foule. Tout comme j'abhorre le monopole de la gauche sur la rue, depuis 75 ans. Aucune sympathie pour les défilés du 1er Mai, et je ne sache pas qu'on puisse me qualifier d'ennemi du travail. Jamais aimé les banderoles, encore moins les vociférations.

    Pour moi, le peuple, c'est le démos, le corps des citoyens qui font institution, par le suffrage universel. Et ça n'est certainement pas le pléthos, celui qui hurle dans le désordre de la rue.

    Des manifestations, il en est en pourtant une - UNE SEULE - à laquelle j'aurais aimé participer. Elle s'est déroulée il y a jour pour jour 52 ans, sur les Champs-Élysées. C'était pour soutenir Charles de Gaulle. Montrer - sans la moindre ambiguïté - où était la vraie majorité en France. Remettre à leur place les bourgeois libertaires du Quartier Latin. Mettre fin à la petite plaisanterie de Mai 68, qui demeure pour moi une verrue dans l'Histoire de la France au vingtième siècle.

    Je me souviens comme si c'était hier du 30 mai 1968. J'allais sur mes dix ans. Je terminais mon avant-dernière année d'école primaire. J'adorais l'école. Je ne comprenais absolument pas ce que mes aînés reprochaient à un système de transmission des connaissances qui, pour ma part, me convenait fort bien.

    Vous n'imaginez pas ce que cette école-là a fait pour moi, à quel point elle m'a ouvert l'âme, aiguisé l'esprit. A quel point j'ai aimé, dès l'âge de sept ans, l'Histoire avec ses dates et ses Traités, la géographie avec ses fleuves et leurs affluents. La musique, avec un prof génial - j'étais dans sa chorale - qui est devenu chef d'orchestre. Et, avant toute chose, le miracle de la langue. Les dictées. Les poèmes à apprendre par coeur : Paul Fort, Emile Verhaeren, Albert Samain. Oui, j'ai passionnément aimé mon école primaire, entre septembre 1965 et juin 1969. Et j'ai, déjà sur le moment, haï - je pèse mes mots - l'esprit de Mai 68. A commencer pas son leader.

    Alors voilà, j'exècre toutes les manifestations. Sauf une. Ca doit être comme dans la grammaire latine : il y a toujours une exception. Et on tombe sous son charme.

     

    Pascal Décaillet

  • Les Verts en Ville : Salut, les Copains !

     

    Sur le vif - Vendredi 29.05.20 - 17.06h

     

    Un excellent article de la Tribune de Genève le souligne : les nouveaux magistrats Verts en Ville de Genève n'ont même pas attendu leur entrée en fonction pour se confectionner, chacun, une Garde Noire qui ferait presque, en comparaison, passer tel ancien Conseiller d'Etat radical, et son âme damnée, pour des oies blanchâtres.

    Une Garde Noire, ou plutôt une Garde Verte : tel nouvel élu au Municipal, humide encore dans le juvénile entourage de ses oreilles, renonce à siéger, se précipite dans le cabinet de l'exécutif, pour y faire antichambre. Tel ancien du G8, observateur du tragique de l'Histoire, rejoint la Cour de la Princesse.

    Tout cela nous dit quoi ? Que les Verts, dans la pratique du pouvoir, sont comme les autres ! Eux qui n'ont cessé, depuis des années, de nous bassiner avec "la politique autrement", reproduisent exactement les travers de toute oligarchie à qui trop de pouvoir est confié : consanguinité, proximités, copinage.

    Il y a eu le pouvoir des radicaux vaudois, buveurs de Dézaley, logés à de rudes et rustiques enseignes. Il y a eu celui des conservateurs valaisans, dégustateurs de Petite Arvine, bénitier le dimanche, prébendes le lundi. Voici celui de nos braves Verts, moralistes, cyclistes, torturés du Climat, prophètes d’Apocalypse. Mais tellement fidèles à toutes les chorégraphies du pouvoir, dès qu'ils entrent dans la danse. Bonne législature, et Salut les Copains !

     

    Pascal Décaillet

  • Le gisant et les fausses écritures

     

    Sur le vif - Jeudi 28.05.20 - 05.38h

     

    Après avoir été totalement inexistante pendant la crise, l'Union européenne, fantôme hagard tiré de sa torpeur, se réveille pour claironner qu'elle va faire tourner la planche à billets. Et cracher de la fausse monnaie.

    La crise sanitaire a été gérée par les nations. Chacune seule, en fonction de son identité propre, de son trajet historique, de sa relation, tissée par les siècles, à l'exercice du pouvoir.

    De ces mois décisifs, les nations sont sorties grandies. Elles ne se sont pas battues les unes contre les autres, mais chacune pour soi, en respectant ses voisins.

    L'Union européenne, elle, a tout perdu. Déjà gisante avant la crise, elle a exténué ce qui lui restait de crédit. La voilà, comme les faux-monnayeurs de l'Île Noire, à s'extasier, dans sa grotte, devant le filigrane de ses billets.

    Qu'elle retourne dans sa léthargie ! La parole est aux nations souveraines. Amies, ouvertes les unes envers les autres. Mais chacune indépendante, maîtresse de son destin.

    La trahison multilatérale, c'est fini. Demeurent des communautés de destin juxtaposées, chacune avec son passé, son récit national, sa cohésion sociale. Le rêve d'un lien planétaire, cosmopolite, celui d'une SDN avec un Adrien Deume qui taille ses crayons à Genève, n'est que spéculation coupable. Usure du désir.

    Les Italiens, sur les balcons, chantaient le Va pensiero, de Verdi. Au cœur de la souffrance, ils revivaient le bouleversant chant national de tout un peuple, lorsqu'il se libère.

    Face à cette puissance de feu sur les âmes, que peut le gisant, dérisoire et blême, avec ses fausses écritures ?

     

    Pascal Décaillet