Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 351

  • Les bons soldats

     

    Commentaire publié dans GHI - 08.09.21

     

    Jean Romain et le PLR ont gagné : les ministres cantonaux de l’Instruction publique de Suisse romande et du Tessin ne pourront plus imposer d’en haut leur « orthographe rectifiée ». Ce vendredi 3 septembre, en fin d’après-midi, le Grand Conseil genevois a adopté, de façon claire, la motion combattant ce projet. L’avant-veille, le Parlement jurassien acceptait, de son côté, une résolution dans ce sens. Et la fronde ne fait que commencer : une pétition d’opposition avait déjà, au 2 septembre, recueilli cinq mille signatures.

     

    A Genève, une question se pose : pourquoi diable le débat fut-il un affrontement droite-gauche ? Pourquoi la droite devrait-elle toujours se montrer conservatrice en matière de langue, et la gauche, rouler pour la réforme ? En quoi le rapport à la langue devrait-il à tout prix épouser les lignes de fracture tradition-rénovation ? La langue n’appartient pas à la droite, pas plus qu’à la gauche. Et assurément, moins les politiques s’en occuperont, mieux elle se portera !

     

    Alors quoi, la gauche a docilement roulé pour sa ministre, à Genève ? On aurait osé espérer, dans ses rangs, la dissidence d’au moins deux ou trois esprits libres, dont la hauteur d’esprit eût été capable de rompre la triste prévisibilité des fronts. Peine perdue. A gauche, on défend l’Appareil. Le débat sur la langue mérite mieux : il doit aiguiser les esprits, vivifier les âmes, surprendre. Comme le verbe, il doit s’inviter là où on ne l’attend pas. Au royaume des camarades, on s’aligne. En bons soldats.

     

    Pascal Décaillet

  • Réflexion sur les religions : la RTS abandonne ? GAC continue !

     
    Sur le vif - Mercredi 08.09.21 - 14.18h
     
     
    La RTS renonce à vous parler de religion ? Eh bien, pas GAC !
     
    L'analyse historique, philosophique, linguistique, des grands courants religieux, ceux d'aujourd'hui et ceux d'hier (l'Antiquité, par exemple), nous passionne. Plus que jamais, nous donnerons la parole à ceux qui, dans ce domaine, ont des choses à dire. Non comme propagandistes d'une quelconque foi. Mais comme connaisseurs. En toutes choses, la profondeur d'un savoir, la capacité d'établir des connexions, la puissance d'une mise en perspective historique, sont les clefs du salut. Nous ne défendons pas ici la religion, mais le SAVOIR, tout simplement. Nous sommes enfants de la connaissance, nous assumons cette filiation.
     
    Dernier exemple en date : le lumineux Pasteur Marc Pernot, un homme qui nous parle de nous, notre présent, notre destin, était avant-hier, lundi, le grand invité de GAC. Il nous parlait, en termes simples et parfaitement accessibles, des mythes bibliques. En quoi, selon lui, ces textes antiques résonnent encore puissamment dans nos âmes. Et au fond, en quoi ils nous concernent.
     
    La RTS renonce à faire son boulot dans ce domaine, qui relève de la science de l'Histoire des religions, du factuel, de l'interprétation des textes, donc de la connaissance intime de la langue, et non d'un quelconque prosélytisme. Libre à elle, chacun assume ses choix. Celui de GAC est de continuer d'accueillir des interlocuteurs, tous horizons confondus, toutes convictions mêlées, qui ont des choses à dire sur le sujet. Ouvrir le champ de la parole. C'est un peu l'idée - mais je suis profane en la matière - de ce qu'on appelle le journalisme.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La politique, ça n'est pas la morale !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.09.21

     

    La politique, ça n’est pas la morale. Ni les bons sentiments. Ni les grandes déclarations universelles, du type de celles dont raffole la Ville de Genève, phare éthique dans l’obscurité bleutée de l’univers. La politique, ça n’est pas la tyrannie de l’émotion. Ça n’est pas à confondre avec l’humanitaire. Ça n’est pas une succursale des grands courants religieux. La politique, c’est l’art d’administrer au mieux une communauté humaine donnée (ville, canton, nation), circonscrite dans un périmètre précis, liée à l’interne par un partage de la mémoire, un culte des morts, la reconnaissance de valeurs, une codification écrite qui s’appelle la loi.

     

    Citoyennes et citoyens, détenteurs du pouvoir ultime dans ce pays, nous attendons des élus qu’ils défendent en absolue priorité les administrés dont ils ont la charge. Ils ne sont pas au service de la planète tout entière, ni d’un quelconque « universel ». Non, ils sont là pour défendre les intérêts de leur ville, leur canton, leur nation, en fonction de l’échelon où ils ont été élus. Pour les grands discours cosmiques, si on y tient à tout prix, merci à chacun de se référer à son prêtre, son pasteur, son modèle spirituel ou son gourou, chacun est libre. Mais la politique, c’est autre chose.

     

    A Genève, le poids de la morale dans le discours public devient insupportable. Et pas seulement à gauche ! Un certain parti du centre, où le parfum de sacristie s’accroche à la moiteur des choix, persuadé de brandir l’étendard du bien et de cheminer, comme en procession, vers la rédemption, n’en peut plus de se rallier à la gauche morale. Sur les questions d’asile, par exemple, où il est tellement aisé, du cénacle d’un Parlement, de se montrer ouvert, généreux, exemplaire pour le monde. Sans se soucier, une seule seconde, des dangers que certaines personnes accueillies un peu vite, sans un filtrage rigoureux, pourraient un jour faire courir à notre société, à nous. L’Allemagne regorge d’exemples, notamment en Prusse, en Saxe, en Thuringe, régions que je connais fort bien, où la grande générosité de 2015 donne à la population de base, fort modeste et précaire, des occasions de regrets et d’amertume.

     

    Dire cela, ça n’est pas mettre en cause la tradition d’asile. Mais notre population, à nous, a le droit d’être exigeante pour sa propre sécurité. Il n’y a là aucune xénophobie, encore moins de racisme, juste l’appel à la prudence. Ça rend moins populaire que les grands discours universels, eh bien j’assume : il faut dire les choses telles qu’elles sont, regarder autour de nous, chez nos voisins. Car la politique, ça n’est pas la morale, pas plus qu’elle ne serait d’ailleurs l’absence de morale. Ces deux domaines doivent dialoguer, s’interpeller, mais en aucun cas se confondre l’un avec l’autre. Méfions-nous des bons sentiments, des grandes envolées universalistes. Défendons, en absolue priorité, notre communauté de destin, ici. C’est déjà une très grande ambition.

     

    Pascal Décaillet