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Liberté - Page 282

  • Conseil d'Etat : confiance rompue

     
    Sur le vif - Jeudi 13.01.22 - 11.17h
     
     
    Scandaleux comportement du Conseil d’Etat de gauche, qui refuse de prolonger le délai de récolte des signatures contre la réforme du Cycle d’Orientation !
     
    Nous sommes au plus fort d’une pandémie sans précédent, les contacts sont prohibés, la situation est clairement exceptionnelle. Les référendaires ont, à très juste titre, demandé une prolongation du temps de récolte des signatures, pour pouvoir exercer correctement leurs droits démocratiques.
     
    Mais non ! À la fois juge et partie, le Conseil d’Etat, tout heureux d’entraver ses opposants, refuse le délai. Cette majorité gouvernementale de gauche confirme son visage partisan, idéologique à l’extrême. Cet attelage est à bout de souffle. Il reste seize mois, interminables.
     
    Sur la réforme du CO, c’est le deuxième coup fourré consécutif contre les opposants. Le premier, c’était au Grand Conseil, il y a quelques semaines. Nous l’avions immédiatement dénoncé, ici même.
     
    Avec ce gouvernement, la confiance est rompue.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le sens du vent

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.01.22

     

    Ça n’est qu’un sondage, ne nous emballons pas. Mais tout de même : l’étoile des Verts, en Suisse, semble commencer à pâlir. Elle avait déjà pris la lumière, en 2011, suite à l’accident nucléaire de Fukushima, éhontément exploité par les états-majors écologistes d’Europe, et notamment dans notre pays. Elle s’était ternie, elle avait repris du poil de la bête avec la question climatique. Et là, à nouveau, les gens semblent commencer à se rendre compte des limites d’un certain langage : celui des prophéties d’Apocalypse.

     

    Curieux, tout de même, ce terreau politique qui puise ses racines dans la peur ressassée des catastrophes. Rien de nouveau, l’Histoire regorge d’exemples. Mais tout de même, entre citoyennes et citoyens libres, responsables, rationnels, on peut espérer mieux que cet appel continuel au grand frisson. Si les Verts devaient régresser d’ici aux élections fédérales d’octobre 2023, ils le devraient à eux-mêmes : la part excessive de leur propre discours.

     

    Les gens ne sont pas dupes, ils décèlent l’opportunisme, l’exagération, la propagande, la tentative d’imposer une terminologie : « Crise climatique, transition écologique, mobilité douce ». Il arrive que les plus empressés des fidèles se lassent, eux aussi, des lourdeurs du catéchisme.

     

    Un jour viendra où cette mode se calmera. Et où les petits malins des autres partis, tout empressés aujourd’hui à voler aux Verts leurs mots pour surfer sur la vague, auront l’air, rétrospectivement, bien misérables, dans leur suivisme, leur manque de courage, leur lamentable comportement de plagiaires. Juste pour être dans le sens du vent.

     

    Pascal Décaillet

  • On n'est pas là pour se faire emmerder !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.01.22

     

    On pensait avoir tout vu, tout entendu. On se disait qu’on avait vécu le pire. C’était sans compter sur Emmanuel Macron. Le Président français, de façon relue et assumée, donc par coup politique calculé, entend « emmerder » plusieurs millions de ses compatriotes. C’est au moins clair. Tellement arrogant, tellement français dans le pire des sens, celui d’un pouvoir vertical, le Prince qui méprise la plèbe, que ça prête à sourire. Et surtout, ça donne à réfléchir : non au Covid (on en parle assez, partout ailleurs, et je n’ai strictement rien d’original à déclarer sur le sujet), mais au rapport que nous, les Suisses, entretenons avec le pouvoir. Nous ne sommes pas français. Nous avons une autre Histoire, plurielle, complexe, décentralisée. Nous aimons l’ordre, la propreté, les trains qui arrivent à l’heure, les montres bien faites. Mais au fond de nous, nous détestons les puissants, tout au moins ceux d’entre eux qui affichent leur majesté. En un mot, on veut bien s’arrêter aux feux rouges, appliquer le règlement, jeter le plus infinitésimal papier à la poubelle, mais, comme le dit si bien la chanson de Boris Vian, on n’est pas là pour se faire engueuler. Encore moins, pour se faire emmerder.

     

    Nous les Suisses, d’apparence si sages, si propres, avons un côté anar. Nous aimons que les choses soient en ordre, mais détestons qu’un sergent-major d’opérette passe son temps à nous en rappeler la nécessité cosmique. Cet ordre, cet alignement, viennent de l’intérieur de nous. D’une sagesse populaire. D’un Contrat social non-écrit, parce que ça n’est pas nécessaire entre gens de bonne compagnie. Un Suisse bien élevé ne saurait laisser gésir à terre le moindre objet qui n’aurait été strictement qualifié pour cela. Alors, d’instinct, il cherche la poubelle. S’il n’y en a pas une tous les trente mètres, il est en manque, quelque chose cloche, il faut le signaler. C’est un peu maladif, mais c’est la marque d’une certaine éducation. Nous sommes comme cela. Nous nous régentons nous-mêmes, mais ne supportons pas qu’un tiers, du haut de son nuage, vienne nous faire la leçon. Je suis moi-même très Suisse, à quoi s’ajoute un côté Prussien sur lequel j’aurai un jour (ou non) l’occasion de revenir.

     

    En Suisse, un Conseiller d’Etat, ou fédéral, qui affirmerait vouloir « emmerder » une partie de sa propre population, giclerait. Bien plus que les Français, au fond bien braves et bien dociles, nous nous rebifferions. Très vite, s’élèveraient des voix pour réclamer la tête du malotru. La tête, et peut-être aussi d’autres parties, moins cérébrales, de ce grand corps maudit qui nous prend de si haut. En Suisse, le souverain ultime, c’est le peuple. De lui, tout procède. Les élus, les ministres, ne sont que des locataires du pouvoir. Ils sont au service du peuple, et non le contraire. Sur la crise sanitaire, ils peuvent prendre des décisions. Mais pas nous mépriser. Ni nous utiliser comme chair à canon de leur campagne électorale. En Suisse, le peuple est le patron. Il confie le pouvoir. Ceux qui l’exercent doivent servir, sans régenter. Et surtout sans la moindre arrogance.

     

    Pascal Décaillet