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Liberté - Page 1378

  • Mettan-psychose

     

    Sur le vif - Et dans les trous de la passoire - Lundi 20.09.10 - 10.39h

     

    En accusant publiquement, ce matin sur Radio Cité, Eric Stauffer d’être « un spécialiste de la violation du secret de fonction », le président du Grand Conseil genevois, Guy Mettan, sort une nouvelle fois de son rôle. Il redevient le député Mettan. Abaisse donc sa fonction. C’est dommage pour lui.

     

    Les commissions parlementaires, à Genève comme dans la Berne fédérale, et comme dans tous les législatifs du monde, sont des passoires. Tout le monde le sait. Comment voulez-vous, en 2010, réunir quinze à vingt personnes pendant deux heures, d’intérêts et d’horizons différents, provenant de partis qui se combattent, toutes équipées des portables de la dernière génération, en imaginant une seconde que les informations essentielles ne perleront pas ? C’est ainsi, c’est la vie, c’est humain, le besoin de faire savoir. Surtout quand on a remporté, face à ses pairs, une petite victoire.

     

    Des fuites, au Grand Conseil genevois, il y en a beaucoup. Elles proviennent de tous les horizons politiques. Je ne sache pas qu’aucune d’entre elles ait eu pour conséquence de fissurer définitivement la République. Juste des soupapes. Et plus on tentera, d’en haut, d’augmenter la pression et la vapeur, plus il y en aura.

     

    Cela dit, pour les quelques semaines qui lui restent au perchoir, profitons des qualités humaines, de la simplicité et de la modération de Guy Mettan. Des temps plus arrogants, après lui, nous attendent.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Billag: la ligne de trop

     

    Sur le vif – Et sur la cuve d’hélium – Lundi 20.09.10 – 09.37h



    Nous avons déjà évoqué, dans ces colonnes, le scandale Billag, cette Ferme générale d’Ancien Régime chargée de percevoir l’impôt déguisé qu’on appelle “redevance” radio-TV. Nous avons déjà dit à quel point ce conglomérat relevait de l’usine à gaz. Comme toute la population suisse, nous nous sommes émus d’apprendre un excédent de 67 millions ne pouvant, on se demande bien pourquoi, être remboursé aux usagers.

    Mais le Matin dimanche d’hier ajoute quelques gouttes de gaz liquide dans la cuve déjà pleine à bonder: Jonny Kopp (sans doute le fils de l’une des plus grandes stars du rock français et de la première conseillère fédérale de l’Histoire suisse), porte-parole de l’usine à gaz, déclare: “La facture de Billag est conçue pour tenir sur une seule page, bulletin de versement compris. En imaginant que l’on rajoute une ligne pour le remboursement, cela fera basculer le tout sur deux pages et augmenterait donc sensiblement le coût des achats de papier”.

    CQFD.

    Fermer Billag, vite. Ne plus jamais entendre parler de Moritz. Et reprendre, tels Michel Jonasz, le cours de nos vie.


    Pascal Décaillet



  • Sales tronches

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 20.09.10

     

    Chevallaz, Delamuraz, Couchepin : trois styles. C’était le temps du verbe haut lorsque de fortes têtes radicales romandes – des sales tronches, au fond – hantaient les couloirs de Berne. Avec Didier Burkhalter, le silence est tellement d’or qu’il en a même endormi la dimension argentée de la parole. Au reste, les rares fois où l’homme s’exprime, c’est dans un sabir germano-provençal très éloigné de la langue de Verlaine. Un verbe de fonctionnaire, au mieux.

     

    Dès lors, si l’Assemblée fédérale devait élire, mercredi, l’entrepreneur bernois Johann Schneider-Ammann, très mauvais francophone, c’est toute la tradition d’une certaine élévation de la parole radicale en langue française qui s’évanouirait. Il n’y aurait plus ni « dimanches noirs », ni « ministres qui décident »,  il n’y aurait plus ni droite cassoulet, ni rêves de grognards, ni nostalgies d’Empire. Il n’y aurait plus que Burkhalter et Schneider-Ammann. Et le chanvre de Rappaz pour se pendre.

     

    Paradoxe : au-delà des ethnies, c’est aux confins de la Suisse orientale qu’il faut aller chercher l’élégance et la précision de notre langue, sa finesse allusive aussi : chez Karin Keller-Sutter. Un français parfait. Qui vole et qui percute. Soluble, léger, comme le plus court chemin d’un point vers l’autre. Didier Burkhalter ne cesse de nous répéter qu’il cherche des solutions. La Saint-Galloise, pour sa part, les trouve.

     

    Pascal Décaillet