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Liberté - Page 1377

  • Isabel Rochat « ne se défie pas » de la police

     

    Sur le vif - Et sous les étoiles du képi - Mardi 21.09.10 - 12.26h

     

    Ministre genevoise de la sécurité, Isabel Rochat vient de présenter son bilan de l’été, et d’annoncer une grande réorganisation de la police. Dans un communiqué, publié à l’instant, elle précise que « la police, dans sa grande majorité, attend cette réorgansation ». Et « qu’il ne s’agit pas d’un acte de défiance » envers le corps de police.

     

    S’il ne s’agit pas d’un acte de défiance, Madame Rochat, pourquoi mentionner cette hypothèse dans le communiqué ?

     

    La dimension dont la ministre doit sans doute le plus se méfier, c’est celle de son propre rapport avec les mots.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les cleantechs, le général panzer et l’écran de fumée

     

    Sur le vif - Et proprement - Mardi 21.09.10 - 10.33h

     

    Chaque fois que je le rencontre, j’ai l’impression d’avoir un général de la Wehrmacht face à moi. Ceux de la légende, des Ardennes et de Sedan, de la Meuse et de la contre-offensive de décembre 1944. Oui, Claude Béglé impressionne. C’est un homme et c’est un panzer, il est à lui seul la vision, la volonté, le mouvement. Avec lui, ça passe ou ça casse.

     

    A la Poste, ça a cassé. Les apparatchiks, dont le socialiste Oswald Sigg, ont eu sa peau. Des gens comme Sigg, pendant que les panzers percent la ligne de front, ils procèdent, méticuleux, à l’inventaire du matériel. Bref, Béglé a dû partir, il est apparemment très copain avec Pierre-François Unger, et le voilà super-ministre des cleantechs, un truc dont personne ne sait exactement à quoi ça sert, on sait juste que Béglé s’en occupe, et que ça va faire mal.

     

    Vous me connaissez, je suis un garçon curieux, ouvert, j’ai donc tenté de comprendre, y compris en interviewant Béglé, ce qu’étaient les cleantechs, mais néant. Nada. La première impression, derrière le côté snobinard du choix anglais du mot, est celle d’un écran de fumée. PFU mandate Béglé, l’ouragan Béglé arrive, noircit 213 pages rugissantes de cleantechs, ça plaît à première vue parce que ça promet le Nirvana climatique (bonjour, Ueli, j’espère que tu vas bien), ça surfe sur la mode verte, ça donne l’impression que PFU et les siens vont révolutionner l’économie genevoise. Et moi, j’attends de voir.

     

    Et puis, il y a des choses qui gênent. On devient souvent très étatiste quand on a besoin d’argent. Combien « d’incubateurs » (autre mot détestablement snob) nourris, non par la prise de risque d’entrepreneurs visionnaires, mais par des fonds de pension ? A Genève, ceux des enseignants, par exemple. Vous reconnaîtrez que la part pionnière et aventureuse y prend un coup dans l’aile. Bref, Claude Béglé aspire-t-il à être entrepreneur ou gestionnaire de fonds d’Etat, alloués grâce à sa très grande amitié avec le très sympathique, très irréprochable ministre genevois de l’Economie ?

     

    Les questions sont posées. Laissons-les incuber. Non ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Dernière scène avant l’orage

     

    Edito Giornale del Popolo - Mardi 21.09.10

     

    Un été apathique, un scénario prévisible, une formule magique qui ne devrait pas sauter cette fois, des candidates et candidats compétents, voilà la leçon de l’élection de demain au Conseil fédéral. Une double élection, comme cela fut souvent le cas dans l’Histoire suisse, scénario intelligent, parce qu’il laisse le champ ouvert. Il aura fallu forcer un peu la main à Moritz Leuenberger, mais enfin c’est fait. Et, sauf colossale surprise, ce sont une personnalité radicale et une socialiste qui entreront demain dans le gouvernement suisse. La routine, quoi.

     

    Ce qui console de cet aspect mécanisé, c’est la qualité des personnes. Au premier chef, la candidate radicale Karin Keller-Sutter, une star de la politique cantonale, excellente ministre à Saint-Gall, une pensée claire et limpide, au demeurant parfaite francophone. Ca n’est pas un détail : Didier Burkhalter ne parlant que très peu, et surtout sans le moindre panache, il est important, pour les Romands, de sentir la permanence d’une certaine « parole radicale » en langue française à Berne, celle des Chevallaz, Delamuraz ou Couchepin. Paradoxalement, c’est une Saint-Galloise qui serait la mieux placée dans ce rôle ! Une compatriote de feu l’éblouissant francophone Kurt Furgler.

     

    Côté socialiste, nous retiendrons Simonetta Sommaruga. Là aussi, en plus de la compétence, une certaine élégance et une certaine classe dans la prise de parole. Du côté des outsiders, l’UDC fribourgeois Jean-François Rime, poids-lourd (100 kg !) du National, parfait dans son rôle de chef d’entreprise attaché à la souveraineté nationale, n’ayant aucune envie de s’en laisser conter par l’Union européenne en matière, par exemple, de fiscalité. A juste 60 ans, l’homme brûle d’en découdre. Il est bien possible qu’on n’ait pas fini d’entendre parler de lui.

     

    Les autres candidats, le radical bernois Johann Schneider-Ammann, la socialiste Jacqueline Fehr et l’outsider Verte soleuroise Brigit Wyss ne manquent pas, non plus de qualités. Reste à savoir, avec cette double élection complémentaire en pleine législature, si nous n’assistons pas à l’une des dernières du genre. Etrange gouvernement, tout de même, élu pour quatre ans en décembre 2007, et dont les quatre septièmes démissionnent en cours de mandat ! Très mauvais attelage, à la vérité, incapable de piloter le pays en temps de crise, où les ministres n’ont cessé de régler leurs comptes par presse dominicale alémanique interposée, l’une des équipes les plus faibles depuis la Seconde Guerre mondiale. Virer Blocher, le 12 décembre 2007, pour arriver à un résultat aussi médiocre, y compris en termes de collégialité (c’était le grief suprême contre le tribun zurichois), c’est l’un des grands échecs de notre Histoire politique.

     

    La qualité des personnes élues sauf surprise demain, Mme Sommaruga, Mme Fehr, Mme Keller-Sutter, ou M. Schneider-Ammann, compensera-t-elle l’incroyable lacune structurelle d’un système aux soins palliatifs ? Jusqu’à décembre 2011, sans doute. Au-delà, il faudra tout revoir. Sans doute dans la douleur.

     

    Pascal Décaillet