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Liberté - Page 1210

  • Christoph et les oies blanches

     

    Sur le vif - Jeudi 05.01.12 - 00.54h

     

    Dans notre pays, la Suisse, le président de la Banque nationale est soupçonné de délit d'initié. C'est énorme. Et, vu sa fonction, c'est gravissime, si les reproches se voient confirmés. Or, depuis que l'affaire a éclaté, dans nos médias, que voit-on, qu'entend-on ? Qu'il y aurait en Suisse un immonde personnage. Et que ce dernier ne serait pas M. Hildebrand, mais un conseiller national nommé Christoph Blocher. Parce que révélant l'affaire, il aurait trahi un « secret de fonction ».

     

    Cette inversion des responsabilités - la mise en avant de l'une (dont je ne prétends pas qu'elle soit inexistante) pour mieux camoufler l'autre, ou l'alléger, ou l'esquiver, est incroyablement révélatrice de la pensée unique de l'immense majorité de la presse suisse face à tout ce qui concerne Christoph Blocher. Il faut qu'il soit le diable, il le faut rhétoriquement, sémantiquement, presque littérairement. Même lorsque le diable, hélas pour sa légende noire, ça n'est pas lui.

     

    Car enfin, cette surexcitation des éditorialistes sur la « violation » dont serait coupable l'ignoble Blocher en rappelle une autre : l'antienne, mille fois ramenée, lorsqu'il était aux affaires (2003-2007) de ne point respecter la loi, « l'Etat de droit ». Argument qui servit de prétexte, le 12 décembre 2007, pour avoir sa peau. Et qui a tant réjoui son rival, Pascal Couchepin.

     

    Et personne, ou si peu, ne se pose la question suivante : entre la « violation » du secret de fonction, et un président de Banque nationale qui aurait profité de ses informations pour spéculer sur des monnaies, où se situe l'échelle de gravité ? Réponse : de façon écrasante, elle se situe à la charge de M. Hildebrand.

     

    Mais nos oies blanches, soudain puristes de la forme juridique, préfèrent inverser. Et ainsi, selon les journaux, on nous parle « d'affaire Bocher-Hildebrand », voire « d'affaire Blocher ». Pour conclure, une question : ces cris effarouchés, nos belles âmes les auraient-elles poussés si la révélation de l'affaire n'émanait pas de leur pire ennemi, leur absolue bête noire, mais d'un conseiller national lambda, venant d'un gentil parti ? Allez, disons comme ça, à tout hasard, un élu propre sur soi, bien rasé, convenable, bien silencieux et bien discret, du PDC ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Un haut fonctionnaire qui sort de son rôle

     

    Sur le vif - Mercredi 04.01.12 - 11.22h

     

    Hallucinantes, les réactions de susceptibilité genevoises aux propos de Christian Levrat, le patron du parti socialiste suisse, sur la nécessité de renforcer les mesures d'accompagnement pour limiter les effets dévastateurs des bilatérales sur l'emploi des Suisses. Notamment, dixit Levrat, en région frontalière. On pense à Bâle, l'Arc jurassien. Mais tout le monde a très bien entendu que Levrat faisait allusion, avant tout, au Tessin et à Genève.

     

    Deux cantons où ces questions sont thématisées, depuis des années, par des partis de la Marge (Lega, MCG). Et où il y a donc un électorat immense à reconquérir. Levrat l'a compris. Le parti socialiste genevois, dont a pu croire un moment, ces dernières semaines, qu'il s'était ressaisi, n'y a, lui, rien compris. À lire MM Longet et Sommaruga, dans la Tribune de Genève, on retrouve l'archaïque discours socialo-conservateur : surtout ne rien changer.

     

    Mais la réaction la plus ébouriffante vient d'un haut fonctionnaire genevois. Toujours le même. Le grand spécialiste dans l'art de sortir de son rôle, et tenir le type de discours qui ne peut appartenir qu'au politique. Le discours du magistrat élu, qu'on imagine en villégiature. Cet homme, au demeurant brillant, c'est le secrétaire général adjoint du DSE (Département de la Solidarité et de l'Emploi). Interrogé par Olivier Francey, il sort allégrement de sa réserve, dans la TG de ce matin, en qualifiant « d'aberration économique » l'une des idées avancées par Christian Levrat. Il ne se contente pas, comme le voudrait son rôle, de nous énumérer en quoi Genève fait bien son boulot, mais il s'immisce, une nouvelle fois, dans des jugements de politique générale, du ressort du politique.

     

    Le ministre en villégiature a bien de la chance d'avoir un tel bras droit. Plus besoin d'inventer le discours politique, il surgit tout seul. Le même fonctionnaire avait, il y a juste un an, qualifié d'acte de flibuste la grève de l'aéroport. L'impression, année après année, se conforte donc, d'un Département dirigé non par un élu, mais bel et bien par un tandem.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ministre, ou porte-parole du patronat ?

     

    Sur le vif - Mardi 03.01.12 - 18.43h

     

    J'ai toujours éprouvé une certaine admiration pour le conseiller d'État vaudois Philippe Leuba. Mais là, je suis franchement déçu par son intervention, à l'instant, à la RSR. Thème: les récents propos de Christian Levrat sur les régions frontalières. Je m'imaginais que M. Leuba, ce grand serviteur de l'État, aurait un autre discours, plus républicain, que la seule "mise au service des employeurs des forces nécessaires". J'ai eu le sentiment d'entendre un porte-parole du patronat. Le propos n'était pas assez ministériel.

     

    Pascal Décaillet