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Sur le vif - Page 1084

  • Les Neuf Cavaliers de l’Apocalypse

     

     

    Sur le vif - Jeudi 01.07.10 - 14.22h

     

    Les Verts de la Ville de Genève sont des gens particulièrement aimables et attachants. Moins doctrinaires que leurs cousins socialistes, adeptes du vélo et de la plus grande douceur dans la mobilité, admiratifs du legs (en effet hors normes…) de leur magistrat Patrice Mugny, ils sont dans une phase de développement tellement durable qu’ils viennent d’annoncer neuf candidats à l’exécutif de la Ville !

     

    Vous m’avez bien entendu : neuf. Trois fois la Trinité. En sachant que le gouvernement de la Ville de Genève compte, en tout et pour tout, cinq personnes. Dont Manuel Tornare. Donc, au final, en effet neuf, suis-je bête.

     

    Bon, ce ne sont là que des candidats à la candidature, on se réjouit de l’écrémage interne, on se dit juste que ce dernier aurait pu déjà commencer en amont d’aujourd’hui, parce que neuf, ça donne tout de même un peu l’impression qu’on n’a pas trop osé faire le boulot préliminaire.

     

    Alors, va pour neuf ! Pour la liste, je vous renvoie à la Feuille d’Avis officielle, que vous pouvez vous procurer gratuitement avec un verre d’eau. Disons qu’elle va des charmes de la Guinée Conakry à la présidence de la Constituante, en passant par le Jardin botanique, la réparation de vélocipèdes, le cabinet noir du ministre hors normes, la présidence du Municipal, sans oublier la grâce – toujours féline – de l’anonymat.

     

    On se dit simplement que les Verts auraient pu aller plus loin. Pourquoi pas dix-huit ? Ou alors trente-six. Ou mieux : tous candidats. Tous sur les listes électorales. On aurait juste sacrifié quelques tilleuls ou platanes (de Carl-Vogt, par exemple) pour fabriquer du papier. Mais au moins, on aurait proposé à l’univers le grand œcuménisme du non-choix. Celui qui vient juste après le Grand Soir.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Pelli flingue le charabia Vert

     

    Sur le vif - Samedi 26.06.10 - 17.44h

     

    Enfin, quelqu’un a osé. Enfin, un chef national de parti suisse, au plus haut niveau, a eu le courage d’attaquer de front le nouveau catéchisme Vert des entreprises : « Forcer les gens à faire des affaires de façon écologique n’a aucun sens », a déclaré tout à l’heure le président du parti libéral radical, devant deux cents délégués à Lugano.

     

    Ce que Pelli défie de front, c’est ce ramollissement du discours, tellement mode, d’ailleurs auto-reproduit par copiés-collés, qui voudrait faire des entrepreneurs les nouveaux champions de l’écologie, plans de relance par ci, nouvelles normes d’isolation thermique par là, snobisme de cocktail du mot « cleantech », le tout sous l’Infaillibilité dogmatique du mot magique, le mot final, « développement durable ».

     

    Soyons clairs : il ne s’agit pas ici de prôner la pollution, ni le gaspillage, ni le manque de respect pour la nature. Mais on aime le faire avec bon sens, et pas sous la pression tyrannique d’une idéologie d’Apocalypse. En osant attaquer cette dernière, Fulvio Pelli a dit tout haut ce que les 91% de Suisses n’ayant pas voté Verts en octobre 2007 pensent tout bas.

     

    Dans un siècle (oh oui, le monde sera encore là), il y aura toujours des aurores, toujours des crépuscules. Et il y aura toujours des linguistes, aussi, pour analyser la très ridicule préciosité d’un certain discours écologiste extrême au début du 21ème siècle. La mort des forêts, années 80, vous vous souvenez ?

     

    Cette dérive des mots, le parti des Verts n’en est d’ailleurs pas le responsable principal, et c’est un paradoxe troublant. Riche d’individualités souvent brillantes, ce parti a su élargir ses horizons au-delà des petites graines et du Larzac. Mais certaines essences de son discours, étrangement, sont allées porter semence dans d’autres partis. Dans les programmes desquels on trouve désormais les mots « développement durable » toutes les trois lignes. C’est pitoyable de récupération, de manque de confiance en soi, oui, Messieurs les PDC, pitoyable. « La sécurité, annonçait sans rire une députée genevoise au pire moment des agressions aux Pâquis, est le quatrième pilier du développement durable » : au-delà du charabia, c’est vraiment le degré zéro de l’effet de mode et du parasitage du discours.

     

    Vous voyez, j’ai fait des progrès : je parviens au 2300ème signe de mon texte sans avoir encore couché sur l’immaculé de mon papier le nom « Ueli le Climatique ». Mais diable, on ne se refait pas. Il fallait donc, hic et nunc, que je le couchasse. N’en faites pas autant. Profitez de la magnifique soirée d’été qui s’annonce. Laissez se développer durablement vos désirs de vivre et d’aimer. Echauffez-vous, réchauffez-vous. Jusqu’au dernier matin du monde.

    Et quant à vos pollutions, puissent-elles, dans la plus éclatante blancheur de vos draps, se contenter d'être nocturnes.

     

    Pascal Décaillet