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Sur le vif - Page 1085

  • Quand Broulis et Longchamp sauvent l’honneur

     

    Sur le vif - Samedi 26.06.10 - 09.15h

     

    D’ici quelque temps, donc, un tribunal d’opérette, ne devant son existence qu’à la volonté de revanche d’un clan tyrannique, statuera, quelque part en Prusse, sur les conditions de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi.

     

    Il est salé de constater avec quelle obédience devant le fait accompli une grande partie de la classe politique, non seulement accepte sans sourciller le jugement futur de ce corps étranger sur nos affaires internes, mais de surcroît le sacralise. Comme si l’instauration de cette « Cour » était due à autre chose qu’à un accord signé pistolet sur la tempe, avec un régime preneur d’otages. On a le pli et la génuflexion faciles, en Suisse. Sans parler de ce président du Grand Conseil genevois plus obsédé à recenser les « boulettes » de son canton qu’à ouvrir les yeux sur les horreurs d’un régime.

     

    Dans ce climat d’inversion des responsabilités, il faut saluer la courageuse position, hier, de la Conférence des gouvernements cantonaux. Présidée par Pascal Broulis, cette instance renouvelle son soutien à Genève. Et regrette amèrement que la Confédération, par-dessus la souveraineté genevoise, soit allée signer des accords impliquant ce canton. La Suisse, rappelait hier soir Pascal Broulis, n’est pas une nation, mais une Confédération. En matière de police, jusqu’à nouvel ordre, les compétences y sont cantonales.

     

    À saluer, aussi, le combat de François Longchamp, président du gouvernement genevois, pour défendre l’honneur et la dignité de son canton dans cette affaire. En matière de paiement de rançon (utilisons, une fois, les mots exacts), le radical n’a strictement aucune intention de se laisser impressionner par la veulerie de Berne, il a mille fois raison.

     

    Quant aux conditions mêmes de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi, si décriées, de son promontoire douillet, par Guy Mettan, je défie tout lecteur de ce texte d’aller appréhender un homme soupçonné de graves violences sur ses gens de maison, entouré de gardes du corps armés, en sonnant sagement à sa porte, et en lui brandissant poliment un mandat d’amener.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Nez rouge pour Martine

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    Sur le vif - Jeudi 24.06.10 - 17.25h

     

    Maire de Lille et première secrétaire du parti socialiste français, Martine Aubry, légendairement connue pour son humour dévastateur, défend Stéphane Guillon, viré de France Inter, comme elle le ferait pour la veuve et l’orphelin : « C’est la force et l’honneur d’une démocratie de laisser libre la parole des humoristes, leur droit à la moquerie, et même à l’outrance. Le parti socialiste exprime sa pleine solidarité aux deux chroniqueurs ainsi congédiés et, au-delà, à tous les journalistes qui font vivre le débat démocratique ».

     

    Devant la noblesse de tels mots, on demeure confondu. Car il est bien connu, à la ronde, que les socialistes sont les rois de l’humour et de la dérision. Jamais, c’est notoire, ils ne s’en prennent à ceux qui les écornent. Au pays de la rose, nulle tentative de censure, jamais. Et bien sûr, dans les propos de l’histrionne du Nord, nulle tentative de récupération facile ou populiste.

     

    Le populisme, c’est pour la droite. A gauche, tout est toujours sincère. Toujours intelligent. Toujours le bien.

     

    Et toute bête devient ange. Et même le mal, comme chez Ferré, finit par nous faire du bien.

     

    L’humour socialiste, c’est extra. Merci Martine.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Huis clos : des ordres d’en haut ?

     

     

    Sur le vif - Jeudi 24.06.10 - 10.32h

     

    « On avait l’impression qu’il y avait des ordres d’en haut, selon lesquels il ne fallait absolument pas aborder le fond de cette affaire. Il fallait enterrer cette motion le plus vite possible. On ne voulait pas que l’on puisse parler d’éventuelles responsabilités de certains ».

     

    L’auteur de ces paroles, hier soir, n’est pas le surexcité Eric Stauffer, mais le député Mauro Poggia, dont tous conviendront qu’il est d’une nature et d’une tonalité légèrement plus modérées. Il revient sur les conditions – décidément étranges – ayant entouré le fameux « huis clos » du Grand Conseil genevois, vendredi soir, alors qu’il s’agissait d’examiner une motion du MCG. Huis clos dont beaucoup, en très haut lieu, aimeraient qu’on ne parle plus. Ce qui n’est pas exactement mon point de vue.

     

    A recouper les témoignages, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la manière dont la présidence du Grand Conseil – je dis bien la présidence – a géré cette affaire. Fut-elle présidentielle, ou plutôt partisane ? Comment a-t-elle pu commettre l’erreur de descendre à ce point dans la mêlée en jetant l’opprobre, une nouvelle fois, sur un parti dont chacun pensera ce qu’il voudra, mais dont le peuple a choisi, le 11 octobre 2009, d’envoyer 17 députés au Parlement cantonal ?

     

    Comment le président du Grand Conseil, Guy Mettan, a-t-il pu, trois jours avant ce fameux huis clos, soit le mardi 15 juin 2010, se laisser aller à établir une nuance entre les « partis responsables » du Parlement (les six autres) et le MCG ? En sachant qu’il s’exprimait là avec sa casquette présidentielle, et non comme député PDC. De quel droit le président d’un législatif peut-il qualifier l’un des groupes le composant, a demeurant le deuxième (ex-æquo) en quantité ?

     

    Le climat qui a présidé, vendredi, à ce huis clos, et surtout à son ahurissant déroulement, est un climat d’exécution. Le vice-président lui-même demande le huis clos, il prend la parole, fustige le MCG. Mauro Poggia demande à lui répondre. Il n’obtiendra jamais la parole. Le huis clos est voté. Et là, hallucinant : le chef du groupe radical, Frédéric Hohl, demande que l’on traite le sujet sans débat. Très singulier comportement dans une enceinte qui s’appelle un Parlement, consistant précisément à laisser les uns et les autres s’exprimer.

     

    Dans cette affaire, il y avait une motion, ce qui est un droit parlementaire. L’objet de cette motion (déclarer Hannibal Kadhafi persona non grata à Genève), chacun en pensera ce qu’il voudra, mais il méritait d’être au moins discuté. Ne serait-ce que pour le rejeter. En lieu et place de cela, la présidence du Grand Conseil a soigneusement orchestré le silence, là où devait jaillir la parole. Elle a même organisé la censure à l’intérieur du huis clos !

     

    Restent pas mal de questions. Pourquoi Guy Mettan voulait-il à tout prix éviter un débat des élus légitimes du peuple sur Hannibal Kadhafi ? A-t-il des liens ? A-t-il contracté des accords ? Si oui, nous serions heureux de les connaître. Questions renforcées par la très étrange déclaration du président du Grand Conseil, à l’issue de cette séance de vendredi, qui reste en travers de la gorge d’un très grand nombre de députés, y compris au sein du PDC.

     

    Voilà. Désolé si j’ai dérangé. Je ne doute pas que la clique tenancière du perchoir 2010-2011 me réponde avec des orgues de Staline. Je les attends dans mon abri antiatomique. Tiens, celui-là même dont j’ai déposé la photo, sur ce blog, avant-hier.

     

    Pascal Décaillet