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  • Il pleut des référendums ? Mais quel bonheur !

     
    Sur le vif - Mardi 24.09.24 - 16.22h
     
     
    Ils sont impayables, ces éditorialistes qui semblent terrorisés par la floraison victorieuse de référendums dans notre vie politique suisse. A lire ces très sages suppôts de notre démocratie représentative, si copains avec le monde parlementaire, commensaux du Bellevue, on a toujours l'impression que la démocratie directe serait une anomalie de notre vie politique. Alors qu'elle est une institution. Au même titre que le Parlement. Dont elle est parfois complémentaire, parfois rivale, ce qui est très vivifiant pour notre démocratie.
     
    Ils en font tellement, depuis dimanche, que je rappelle ici un ou deux fondamentaux de notre vie politique suisse.
     
    Le référendum, d'abord. Il n'a rien d'incongru. Il est partie prenante de notre système, au même titre qu'un débat parlementaire. Lorsque le peuple n'est pas content d'une loi, il l'attaque. Il a un certain délai pour recueillir des signatures. S'il les obtient, un beau dimanche, un corps électoral de quelque cinq millions de Suisses tranche. Cela s'appelle le suffrage universel. Et même avec une participation de 40%, ça nous fait deux millions de votants. C'est quand même mieux, en termes de légitimité, que 246, non ?
     
    L'initiative, ensuite. Mille fois mieux, encore, que le référendum ! Un comité de citoyennes et citoyens empoigne un sujet, sans rien demander au petit monde parlementaire. Récolte de signatures. Un beau dimanche, le peuple et les cantons tranchent. Et la Constitution de notre pays est modifiée ! Le monde entier nous envie ce système, à commencer par nos voisins les plus proches.
     
    La démocratie directe, c'est la vie. C'est le peuple suisse qui empoigne la politique. Que cela ne fasse pas plaisir au cénacle parlementaire, passe encore : ils sont jaloux de cette concurrence. Mais que des éditorialistes politiques soient à ce point immergés dans le microcosme parlementaire (oh, je l'ai été moi-même plusieurs années, je pensais et réagissais comme eux, lorsque j'étais correspondant à Berne), c'est quand même inquiétant. L'âme incarcérée dans la molasse bernoise, ils ne ressentent même plus les besoins fondamentaux du peuple.
     
    Petit entrepreneur, depuis bientôt 19 ans, ayant mon bureau dans une zone industrielle où je croise toute la journée d'autres entrepreneurs, tous domaines confondus, discutant constamment avec eux, je me sens tellement plus libre, dans ma tête, que lorsque je couvrais, au Palais fédéral, l'actualité politique suisse. Fonction que j'ai, au demeurant, exercée avec passion. Et à laquelle j'ai tout donné.
     
    Il faut parfois vivre d'autres vies pour vibrer avec le coeur palpitant de son propre pays.
     
    Pascal Décaillet

  • Le compromis : un acte de la guerre continuée

     
     
    Sur le vif - Mardi 24.09.24 - 10.05h
     
     
    Oui, la droite suisse a été arrogante, en 2021, et avant tout la droite libérale, en refusant un compromis dûment négocié et hautement acceptable sur la LPP. Oui, elle en a payé le prix dimanche. Tout cela est exact, mais ne décrypter le phénomène qu'en regrettant une prétendue inaptitude générale des politiques à "trouver des compromis" est un peu court.
     
    Le compromis n'est pas un but en soi. Il peut, dans l'infinité des choix pragmatiques offerts par la politique, s'avérer un outil efficace. Ca dépend du sujet. Ca dépend du moment. Ca dépend du rapport de forces. Il y a des moments, dans la vie, où il faut négocier. Et puis d'autres, majoritaires, où il faut faire la guerre. La vie est un combat, elle n'est pas un cocktail diplomatique.
     
    Ce qu'il faut reprocher à la droite suisse, dans le cas d'espèce de la LPP, n'est pas de s'être dérobée au dogme du compromis. Mais, sur ce coup précis, de n'avoir pas senti qu'il pouvait être la voie du salut. Croyez-vous qu'un Pierre-Yves Maillard, qui donne depuis dimanche des leçons de "compromis", ait lui-même été autre chose, le long de toute son admirable vie politique, qu'un formidable combattant ?
     
    Alors oui, la droite suisse doit faire son autocritique. Mais pas pour retomber dans les tiédeurs centristes du "compromis" comme but en soi. Elle doit mieux sentir les aspirations profondes du peuple suisse, comme commence à le faire le PLR suisse sur l'immigration. Elle doit faire la guerre quand c'est nécessaire, soit dans 90% des cas. Et puis, elle doit avoir l'instinct, la souplesse, la ductilité pragmatique, parfois, de monter un "compromis".
     
    Mais ne soyons pas dupes : le compromis, en politique, n'a rien de moral. Il est un acte de la guerre toujours continuée. Par d'autres moyens.
     
     
    Pascal Décaillet

     

     

  • Tous au Bio Carouge, ce soir, pour Cassavetes ! Pour Gena Rowlands ! Et surtout pour... Rui Nogueira !

     
    Sur le vif - Lundi 23.09.24 - 15.51h
     
     
     
    La nouvelle a produit sur moi l'effet d'un miracle : Rui Nogueira, le meilleur passeur de culture et de passion cinématographiques que Genève ait connu, reprend du service !
     
    Il sera ce soir, lundi 23 septembre 2024, à 20h, au mythique cinéma BIO de Carouge. Pour nous présenter un film d'exception : GLORIA, de John Cassavetes (1980), avec l’inoubliable Gena Rowlands, qui vient de nous quitter, et à laquelle je rendais hommage ici même, il y a quelques jours.
     
    Je ne pourrai pas être ce soir au Bio, mais je veux dire mon émotion. J'ai souvent parlé ici des années Nogueira, au CAC Voltaire. Pour moi, cela remonte à quarante ans, et plus. C'étaient les années de ma vingtaine, à la fois littéraires, musicales, passionnées, âpres, difficiles, tourmentées. Et, grâce à Nogueira, immensément cinématographiques ! A la rue Voltaire, où j'ai passé tant de soirées, il programmait des cycles. Sans lui, je n'aurais connu ni Cassavetes, ni le cinéma américain, ni le cinéma italien, ni Pasolini, ni Fassbinder, ni Douglas Sirk, ni Wajda. Oui, Nogueira nous a ouvert mille fenêtres, comme mille appels d'air. Jamais, par exemple, je n'oublierai son cycle consacré à l'homosexualité au cinéma. J'ai vu tous les films. J'en suis sorti changé.
     
    Alors oui, allez tous ce soir au BIO ! Allez écouter cet ancien collaborateur d'Henri Langlois, à la Cinémathèque française, vous présenter le GLORIA de Cassavetes. Il y a quarante ans, j'étais, rue Voltaire, à la présentation du même GLORIA, par le même Nogueira. Il nous avait parlé de ce premier traveling du film, sur la ville de New York. J'étais justement en train de lire Amerika, de Franz Kafka. Et j'ai pensé à l'arrivée du personnage principal de ce texte incroyable, dans la même New York. La littérature nous fait rêver. Le cinéma nous fait rêver. Nogueira nous a aidés à rêver. On pourra le retrouver, toute l'année, présentant des films au Bio de Carouge.
     
    Un miracle, je vous disais.
     
    En l'apprenant, je me suis remémoré cette phrase d'Elie Faure : "Si nous aimons tant le cinéma, c'est qu'il nous permet de recommencer la vie".
     
     
    Pascal Décaillet