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  • C'est le jeu, c'est la vie

     

    Sur le vif - Dimanche 12.11.17 - 14.35h

     

    Si tu ambitionnes un acte pamphlétaire, c'est bien, c'est courageux. Mais je te préviens : si c'est un VRAI pamphlet que tu commets, alors tu vas en prendre plein la poire.

     

    Tu veux croquer les puissants, ceux qui abusent de leur pouvoir ? Fort bien. Mais alors, attaque-toi, le plus directement possible, non aux dictateurs qui sévissent à vingt mille kilomètres de chez toi, mais au VRAI pouvoir abusant, chez toi. Dans ton périmètre, ton environnement immédiat. Des gens qui pourront te lire, t'écouter, t'attaquer, te créer des emmerdes, te traîner en justice. Là, oui, tu prends un risque.

     

    Attaque-toi aux pensées dominantes, terrorisantes de consensus, celles qui, chez toi, autour de toi, étouffent tout débat. Là, oui, ton verbe sera au service d'un contre-pouvoir. Mais toi, tu prendras des coups. C'est ainsi que ça fonctionne, c'est le jeu, c'est la vie.

     

    Tu voudrais écrire un pamphlet - ou, beaucoup mieux, le gueuler - dans le microcosme de la Suisse romande ? Très bien. Alors, attaque-toi à ce qui, dans ce creuset-là, bien précis, apparaît dans l'espace public comme inattaquable. Dès lors, il faudra t'attendre, parfois, à défendre ce qui est réputé indéfendable. Et là, plus que jamais, tu prendras des coups.

     

    Tu auras contre toi tes confrères, oui tes pairs, pour avoir commis l'impair. Tu auras contre toi les humoristes, ces grands serviteurs, hélas si souvent, du pouvoir et des convenances, des courants majoritaires, des pressions dominantes. Tu auras contre toi les petits malins des réseaux sociaux, qui n'en peuvent plus de guetter, à l'affût du moindre "dérapage", eh hop, mise au pilori, copie aux Ligues bien pensantes, aux collectifs autoproclamés de défense de toutes les minorités possibles et imaginables.

     

    Tu auras écrit - ou, beaucoup mieux, parlé - et tu auras ligué contre toi ceux-là même dont tu dénonces les collusions. En se ruant sur toi, ils te feront mal. Mais en même temps, ils auront exactement prouvé la justesse de ton propos.

     

    Agiras-tu ? Te tairas-tu ? Tu es libre, totalement libre. Nous sommes tous libres.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Parfum d'échec

     

    Sur le vif - Vendredi 10.11.17 - 10.30h

     

    Et maintenant, 30 licenciements chez Givaudan. Émigration vers Zurich, ou la Chine. Le secteur secondaire genevois s'évapore.

     

    Pendant ce temps, au plus haut niveau politique chargé de s'occuper d'économie, on sautille comme des cabris en répétant le mot magique : "innovation".

     

    Certains de ces beaux parleurs n'ont jamais rempli une fiche de salaire de leur vie.

     

    Des mots. Du vent. Pour faire des voix.

     

    Un parfum d'échec.

     

    Pascal Décaillet

     

  • De la noblesse, et puis du style

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.11.17

     

    J’ai passé mes premières années dans le quartier de Sécheron, il y avait ces usines, qui me fascinaient, elles représentaient pour moi l’avenir, la croissance, et pourquoi pas un emploi futur, que j’imaginais, allez savoir pourquoi, dans l’industrie. Le seul mot « Sécheron », dans ma tête, a toujours été magique, même si le site de production a émigré à Meyrin, la multinationale ABB a englobé tout cela, il demeure un parfum de noblesse, celui de ces années où l’industrie genevoise avait encore des fleurons. De la noblesse, et puis du style.

     

    Aujourd’hui, ce qui se passe sur le site genevois d’ABB Sécheron est une catastrophe. Une centaine d’emplois supprimés, ainsi que 43 postes temporaires, pour cause de délocalisation dans la ville polonaise de Lodsz. D’aucuns se contenteront de hausser les épaules, ils nous diront que c’est la vie, que la bonne vieille industrie de naguère n’a plus sa place à Genève, qu’il faut se reconvertir dans les cleantechs.

     

    Je veux bien. Mais alors, pourquoi la fabrication des mêmes pièces aurait-elle davantage sa place au fin fond de la Pologne ? Parce que la vie y est moins chère ? Les salaires, moins élevés ? Une chose est sûre : le Conseil d’Etat, avec ses deux ministres responsables du dossier, MM Maudet et Poggia, doit entreprendre toutes choses pour trouver une solution. Si la politique économique et sociale d’un canton doit servir à quelque chose, c’est bien sur ce genre d’exemples qu’on en jugera. Les salariés d’ABB méritent au plus haut point qu’on les soutienne. Et l’industrie, y compris lourde, a encore sa place à Genève.

     

    Pascal Décaillet