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  • Revoici la littérature allemande !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.11.14

     

    En programmant coup sur coup Heiner Müller (Vie de Grundling, mise en scène Jean Jourdheuil, jouée au Théâtre du Loup) et Hölderlin (Hypérion, mise en scène Marie-José Malis, du 2 au 6 décembre), la Comédie de Genève nous offre deux textes absolument superbes de la littérature allemande. Le premier, de 1976. Le second, de 1797, l’âge d’or de l’Allemagne artistique, en permanente révolution poétique, et d’ailleurs musicale.

     

    Il faut saluer cette double programmation. J’ai vu avec bonheur la pièce de Jourdheuil, et redoute un peu, malgré ma passion pour le poète (directement transmise, il y a longtemps, par le saisissant germaniste Bernhard Böschenstein) Hypérion, programmé sur une durée de 3h45 ! Il faudrait un jour, je pense, et n’écris pas seulement cela en fonction d’une fatigue passagère, que les gens de théâtre, tout en maintenant leur exigence artistique, pensent au public. Il y a certaines durées de spectacle qui sont vraiment très difficiles.

     

    Mais l’essentiel n’est pas là. Heiner Müller, c’était (et c’est encore, jusqu’au 30 novembre) une rare réussite visuelle, une succession de tableaux capables à la fois de ravir les sens, et laisser courir la rêverie. Hypérion, ce sera dès le mardi 2 décembre la tentative de mettre sur une scène l’un des textes majeurs de la littérature allemande. Par une femme qui s’est déjà frottée à Pasolini, Kleist ou Pirandello. Dans tous les cas, félicitations à la Comédie d’oser l’exigence. Oser le génie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Préférence cantonale : la victoire du MCG

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.11.14

     

    Préférence cantonale : il y a encore cinq ans, ces deux mots ne faisaient partie que du vocabulaire MCG. Ils étaient rejetés, conspués, vilipendés par les partis au pouvoir. Quand vous osiez les avancer dans une conversation, c’est juste si on ne vous traitait pas de fasciste. Il fallait croire, c’était obligatoire, à l’ordre libéral du monde, le salut par le libre-échange, la libre circulation des personnes, sans la moindre entrave. Il fallait abolir les frontières, jugées ringardes dans les cocktails des dominants. Il fallait renoncer à l’idée de communauté humaine organisée à l’intérieur de limites : ce qu’on appelle par exemple un canton, ou un pays. Aujourd’hui, tout cela s’est effondré. La préférence cantonale est au rendez-vous. Les mêmes, qui naguère la prenaient de haut, maintenant la prônent. Singulier retournement, qui en dit long sur la nécessité en politique d’avoir du courage, se battre, ne pas craindre la solitude ni les quolibets, fuir, oui absolument fuir la compagnie tiédasse des suppôts du pouvoir, toujours les mêmes, dans l’oligarchie genevoise, circulaire et recommencée.

     

    Oui, c’est cela, la grande leçon. Elle est valable, aussi, pour ce marécage illisible qu’on a cru bon d’appeler le « Grand Genève », étiquette devant laquelle tout le monde s’était aussi prosterné. Parce que ça faisait bien de penser global, respirer global, mépriser le tracé d’une frontière dûment héritée des chocs et des frottements de l’Histoire. Il n’y aurait eu qu’une grande région, Genève, Vaud, Ain, Haute-Savoie. Jamais on ne s’est avisé de procurer à cette improbable construction de l’esprit la moindre légitimité démocratique. Non, le Grand Genève était pensé d’en haut, ruminé d’en haut, ne pas y croire c’était retourner au paléolithique. Eh bien aujourd’hui, fin novembre 2014, il est où, le Grand Genève ? Disparu ! Evaporé ! Les mêmes quotidiens bleutés qui naguère ne juraient que par lui, font part aujourd’hui de leurs doutes. Le même Grand Horloger du Conseil d’Etat qui avait présidé à ce grand projet, vient aujourd’hui regretter son manque de lisibilité. Mais enfin, qui, Monsieur Longchamp, si ce n’est vous-même, étiez responsable de le rendre « lisible » ? Il y a des moments, oui, où les citoyens que nous sommes ont le droit de s’énerver, clamer leur colère, dire qu’on s’est payé leurs têtes.

     

    Alors maintenant, il faut commencer à dire que ça suffit. Ancrée, vendredi 21 novembre, par une directive de Mauro Poggia, la préférence cantonale a gagné la bataille. Enterré par celui-là même qui l’avait sacralisé, le « Grand Genève » ne fait plus peur à grand monde. Mais ça suffit, oui, de se laisser monter le bourrichon par une cohorte de snobinards, juste le fan’s club des conseillers d’Etat à la mode, donc leurs laquais, qui viennent comme ça, du promontoire de leur superbe, du Cervin de leur arrogance, nous bourrer le mou avec la terminologie du clinquant. Juste pour faire mode, transfrontalier, post-moderne. La réaction citoyenne face à ces oligarques ne doit pas seulement s’opérer sur le front des idées. Mais sur celui du vocabulaire : plus question de se laisser enfiler n’importe quoi par n’importe qui. Rassurez-vous, je ne parle ici que de mots. Rien de grave, si ce n’est l’essentiel.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Thomas Bläsi : le meilleur joker de l'UDC

     

    Sur le vif - Mardi 25.11.14 - 16.30h

     

    Ici même (http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2014/06/06/thomas-blasi-emergence-d-un-homme-libre-256672.html), je saluais le 6 juin 2014 en Thomas Bläsi « l’émergence d’un homme libre ». Aujourd’hui, ce pharmacien de 43 ans, député UDC, présente sa candidature à l’exécutif de la Ville. C’est un acte de courage et de clarté, à l’image de l’homme, à la fois sincère, pétri de convictions, habile, très rapide quand il le faut, toujours doux, aimable, respectueux de l’adversaire. Soyons clairs : l’UDC sort là son meilleur joker. Un profil inattendu, savoureux, complexe, cultivé. L’un des nouveaux venus les plus intéressants sur la scène politique genevoise.

     

    Quand on fréquente Bläsi, on se dit qu’on doit avoir affaire à un homme de l’Entente. Il en a les tonalités. Mais le contenu est bien celui qui s’ancre dans les valeurs du premier parti de Suisse : attachement au pays, à la patrie, fidélité à la tradition, à quoi s’ajoute un humanisme qui lui est propre, je veux dire surgi de sa personne, venant de lui et de nul autre, des entrailles de son destin, la singularité de son parcours. Quand on discute avec Bläsi, on rend grâce à la création d’être ce qu’elle est, chaque individu méritant qu’on en cisèle les contours, au-delà des blocs, des idéologies, du fracas du temps.

     

    Candidat, ce petit-fils de l’aide de camp de Charles de Gaulle, Gaston de Bonneval, a-t-il ses chances ? Difficile à dire : il est certain que son parti, pris tout seul, n’est pas considéré au départ, dans cette compétition-là, comme l’enfant chéri de la victoire. Mais justement, il dispose, cet homme-là, de singulières capacités à réunir bien au-delà du socle idéologique de sa formation. La puissance de l’humanisme transcende les barrières. A l’Entente, il aura des voix. Au MCG, ce sera plus difficile. En attendant, sa candidature est à suivre avec grand intérêt. Emergence d’un homme libre, oui : ça fait du bien.

     

    Pascal Décaillet