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  • Traversée, logements : le mirage doré des PPP

     

     Sur le vif - Vendredi 03.10.14 - 10.47h

     

    Faire de la politique, notamment quand on assume une charge, c’est croire en l’Etat. Inscrire son action dans le cadre de la chose publique. On peut militer pour plus ou moins d’Etat, c’est une question de régulateur, mais le seul fait de s’être présenté à une élection républicaine délimite au candidat le périmètre de son action future : il pourra pratiquer une politique de gauche, de droite, du centre, tout ce qu’il voudra, mais dans le cadre de l’Etat. Lequel n’est ni un club, ni une société privée. De quels grands commis l’Histoire a-t-elle retenu le nom ? De Philippe le Bel à Louis XI, de Louvois à Richelieu, de Bismarck à Jules Ferry : des hommes qui ont, de toute la puissance de leur génie et leur énergie, lutté pour écarter, dans le cadre public et dans nul autre, le champ du possible.

     

    Hors de l’Etat, entendez par ce mot la volonté des humains de codifier leur organisation politique et sociale, et s’il vous plaît n’entendez pas une armada de fonctionnaires derrière des guichets, hors de ce cadre qui a fondé nos sociétés modernes, la politique ne peut avoir de sens que comme aventure personnelle, pulsion libertaire, exercice néo-féodal du pouvoir, par exemple par la tyrannie de l’Argent. C’est une option de la vie en communauté. Ca n’est pas la mienne.

     

    A cet égard, comment ne pas s’étonner, à Genève, de voir deux conseillers d’Etat, provenant comme par hasard de partis très éloignés des rigueurs régaliennes, le Vert et le PDC, nous brandir allègrement, dès que surgit une difficulté budgétaire, le mirage doré du « Partenariat Public Privé », ci-devant compressé dans le triptyque palatal « PPP ». Il faudrait financer la future (et bien lointaine) traversée du lac par des « PPP ». Il faudrait (le Temps d’aujourd’hui) créer une fondation public privé pour faire enfin émerger des logements à Genève.

     

    Il y a, dans cette rhétorique aussi légère que floue, l'abdication assumée de l’une des grandes ambitions qui fondent nos sociétés depuis la Révolution française : inscrire les grands projets, les grands travaux, non dans la générosité d’une prince mécène, mais dans la volonté collective des citoyens. Voulus par eux, conçus par eux, corrigés et contrôlés par eux. Donc, financés par eux. Avancer d’emblée l’appel aux fonds privés, c’est reconnaître que les caisses de l’Etat sont vides, qu’on n’a plus la moindre imagination pour les remplir, c’est avoir peur de se rendre impopulaire en articulant l’idée d’impôt. C’est déchirer bien imprudemment le contour imposé de l’action publique, pour s’aventurer vers des donateurs dont on se demande bien quelles contreparties, le jour venu, ils exigeront pour leur générosité. C'est revenir à l'Ancien Régime.

     

    Je ne conteste pas ici l’intérêt d’avoir parfois recours aux fonds privés. Mais enfin, l’idée même de la République, depuis un peu de deux siècles, c’est que ces fonds contribuent à l’effort commun, non par l’arbitraire d’un don, mais par le biais de la fiscalité. Ce qui me paraît très contestable, c’est de brandir d’emblée le PPP, en amont de toute discussion. Avant même d’avoir sollicité du peuple ou de ses élus la réflexion citoyenne sur ce qu’il veut entreprendre, ou ce à quoi il préfère renoncer. Gouverner, c’est choisir. Gouverner la République, c’est opérer ses choix dans le cadre de l’Etat.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Père Dauchez : sourire et lumière

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    Coup de Cœur - GHI - 01.10.14

     

    Originaire de Versailles, le Père Matthieu Dauchez a décidé un jour de tout quitter pour aller s’occuper des enfants des rues à Manille. Dans l’immense capitale des Philippines, l’une des villes les plus peuplées au monde, vivent des milliers d’enfants qui n’ont strictement rien, et errent dans les rues. Orphelins, ou rejetés par leur famille. Le Père Matthieu, à la tête de la Fondation Anak, et avec le soutien de salariés philippins, s’occupe d’eux. Dans un livre, « Le prodigieux mystère de la joie », il raconte son expérience. Mieux : cet infatigable prêtre de terrain sera à Genève jeudi 2 octobre. A 19.45h, il s’exprimera au Sacré Cœur, 18 rue du Général-Dufour. Au milieu des immondices de Manille, il dit avoir trouvé la lumière. Assurément, le témoignage de cet homme vaut le déplacement.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Le Père Matthieu Dauchez sera ce soir, 19h, en direct sur le plateau de Genève à chaud. Puis, 19.45h, au Sacré-Cœur.

     

  • Halte aux initiatives marketing !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.10.14

     

    Une initiative, rien que pour faire parler de soi. Par exemple, en période électorale. Mentionner le nom du parti qui l’a lancée, le marteler, à n’en plus finir. Tout cela, pour gagner quelques sièges. Et puis, un an plus tard, lorsqu’il s’agit de voter sur le contenu de l’initiative, on se rend compte que près de deux personnes sur trois n’en veulent pas. Le texte échoue. Le camp politique des initiants est divisé. A la cause qu’on se promettait de défendre, on aura fait perdre du temps. Mais au moins, un an avant, en ayant fait parler de soi, on aura pu se renflouer au Grand Conseil. Cette histoire, c’est exactement celle de l’UDC genevoise et de la traversée de la Rade, balayée dimanche 28 septembre par près de 64% des votants.

     

    Cette attitude politique n’est pas à la hauteur de notre démocratie directe en Suisse, ce système que la toute première, et à juste titre, l’UDC défend de toutes ses forces. Pas à la hauteur, parce qu’elle dévoie un thème pour en faire une arme de campagne. L’initiative sur la Rade a été lancée juste avant les élections cantonales de 2013, elle a permis de faire beaucoup de pub à l’UDC genevoise, qui d’ailleurs a engrangé de bons résultats au Grand Conseil, mais un an après, elle échouait lamentablement. Il y avait, dans cette démarche, beaucoup de choses qui, dès le début n’allaient pas. En voici au moins deux.

     

    D’abord, l’initiative et le référendum, ces armes de ceux d’en bas que tant de voisins nous envient, ne sont pas des gadgets électoraux. Ils sont là pour permettre au peuple de s’exprimer, en profondeur, sur des sujets que les corps intermédiaires auraient mal traités (référendums) ou, pire encore, totalement négligés (initiatives). L’appel au peuple, si important dans notre pays, doit être soit un mécanisme correctif aux décisions parlementaires (référendums), soit l’expression tellurique du suffrage universel (initiatives) sur des lames de fond que toute la cléricature des élus n’aurait tout simplement pas vues venir. On l’a vu avec l’initiative des Alpes, avec Franz Weber, avec les criminels étrangers, avec l’immigration massive. Pour qu’une initiative soit un succès, il faut soit qu’elle passe, soit qu’elle tutoie la réussite (48 ou 49%), pour peser sur la suite. Mais 64% contre elle, c’est l’autogoal.

     

    Et puis, dans cette initiative de l’UDC sur la Rade, il y avait un autre problème, dès le départ. Un parti doit proposer un texte sur un thème puissamment contenu dans son bagage génétique : l’UDC sur l’immigration, la gauche sur le social, ou le PDC sur la famille. Mais diable, en quoi les questions de mobilité étaient-elles, antérieurement à ce débat, consubstantielles à l’UDC genevoise ? Réponse : en rien. Cette inadéquation de thème accentue l’impression d’opportunisme électoral, et d’initiative marketing. Le peuple n’en est pas dupe. Au-delà de savoir s’il faut traverser la Rade, ou le lac, ou ne rien traverser du tout, le corps électoral a sanctionné un mode d’action. Quant au MCG, allié de l’UDC dans cette galère, il pourrait bien, désormais, tourner ses regards vers d’autres partenaires, au sein de la droite genevoise, à l’avenir, sur les questions de mobilité.

     

    Pascal Décaillet