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  • La traversée, c'est l'affaire de l'Etat !

     

    Commentaire publié dans GHI - 22.10.14

     

    Cette fois, le Conseil d’Etat n’a pas traîné : moins d’un mois après le rejet très net de la petite traversée, il relance la grande ! Une vraie traversée du lac, pont ou tunnel, quelque part entre Vengeron et Pallanterie, qui bouclerait enfin la ceinture autoroutière genevoise, donnant à cette ville un véritable périphérique. Dit comme ça, c’est parfait. Juste le bonheur, enfin pour ceux qui veulent bien y croire. Le problème, c’est le nerf de la guerre : l’argent. Une petite réjouissance du genre, ça va allègrement chercher dans les trois milliards, sans doute plus. Et les caisses sont vides. Avec une dette de treize milliards. Alors, on fait quoi, on fait comment ? Le ministre des transports, Luc Barthassat, articule quelques pistes. Hélas, ces dernières méritent contestation. Le risque de poudre aux yeux est énorme.

     

    En l’absence du moindre franc pour attaquer les travaux, M. Barthassat tente, depuis un certain temps, d’instiller dans les consciences la notion de PPP (partenariat public privé). L’Etat n’ayant pas d’argent, il s’appuierait sur des fonds privés : plusieurs noms d’entreprises sont déjà articulés, l’une dans la construction, l’autre dans les fonds de retraite, une autre encore dans la banque. A partir de là, le conseiller d’Etat émettait, sur le plateau de Genève à chaud, trois hypothèses de financement : soit le tout à l’Etat (mais avec quel argent ?), soit le financement mixte, soit… le tout au privé ! Cette troisième variante, disons-le tout net, est choquante de la part d’un ministre de la République. Car enfin, si l’Etat délègue à des mécènes, aussi éminents soient-ils, la totalité de la main financière sur des travaux de gros œuvre qui sont à ce point d’intérêt public, quel signal politique donne-t-il de son rôle à lui, l’Etat ? Juste un intermédiaire, pour demeurer maître d’œuvre ? Cela ne tient pas. C’est de la poudre de perlimpinpin.

     

    Car l’impression politique est catastrophique. Les grands travaux sont affaire d’Etat. Canton ou Confédération. Ils doivent être l’objet d’une vaste consultation populaire, avec des débats, des pour et des contre, et le feu vert donné (ou non) un beau dimanche. Ce pont, ou ce tunnel, doit être celui d’une majorité clairement voulue par le corps électoral. Et ces citoyens, qui votent, doivent également être, comme contribuables, ceux qui le financent. Afin d’en demeurer les propriétaires, les patrons.

     

    Il y a, dans la vision de M. Barthassat, une démission dans la mission régalienne de construction de l’Etat. Jamais un ministre radical, ni un socialiste, n’aurait commis la légèreté de brandir cette troisième hypothèse du « tout au privé ». D’ailleurs, je ne suis pas sûr du tout que la majorité du Conseil d’Etat le suive sur cette piste. Et puis, désolé, mais c’est un peu trop facile : en se tournant vers les grâces d’un mécène, on s’évite le débat populaire, la légitime contestation des opposants (la gauche, par exemple, qui a parfaitement le droit de ne pas vouloir de traversée), bref on contourne les nécessaires aspérités du débat politique. Désolé encore, mais cette posture est légère. Elle fait fi de ce qui fonde la République : la dialectique des antagonismes. Pour ma part, sans aller jusqu’à demander au ministre une conversion au colbertisme, je l’invite amicalement à revoir sa copie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ecopop : on a le droit d'être pour !

     

    Sur le vif - Mardi 21.10.14 - 15.23h

     

    Dans un peu plus d’un mois, l’initiative Ecopop, dont je parle ici depuis plus d’un an, aura été tranchée par le peuple et les cantons. Dans quel sens ? Je l’ignore absolument. Nous verrons bien. En attendant ce verdict, un mot sur la campagne. Pour l’heure, on ne voit et n’entend que les opposants. Tous les partis politiques, y compris l’UDC (ce que je peine à comprendre). Le patronat. Les syndicats. L’écrasante majorité des éditorialistes. Bref, tout ce que la Suisse compte d’officialité représentative, de médiateurs agréés, de porteurs de parole officielle, de Feuilles d’avis de l’opinion majoritaire, entendez par exemple à Genève l’édito de la Tribune, le diapason du pouvoir installé, celui qui ne trompe pas.

     

    Comme pour le 9 février, les opposants rugissent. De leur voix, ils couvrent l’ensemble de l’univers sonore, ont même de leur côté les humoristes. Ils accaparent le texte, le contexte, la marge, l’apparat critique. C’est le livre des opposants, édité par les opposants, financé par Economie Suisse (pas assez, à leur goût, à entendre hier soir Filippo Lombardi), défendu et illustré par les opposants. Fort bien. C’est le jeu. Nous sommes dans un pays libre. Chacun a le droit de s’exprimer. Même si l’insulte dépasse parfois la ligne rouge, comme ce communiqué du NOMES (Nouveau mouvement européen suisse), publié ce matin, qui, nous invitant à un « Concert contre Ecopop », parle d’une « initiative raciste et arbitraire ».

     

    Reste à savoir en faveur de qui joueront ce tintamarre, cette diabolisation. Nous verrons bien, le 30 novembre. Ce qui est sûr, je l’annonce ici depuis plus d’un an, c’est que les thèmes de la masse migratoire et de la protection de l’environnement sont particulièrement chers aux préoccupations des Suisses. Liés l’un à l’autre (pour la première fois), ils pourraient bien avoir la charge explosive nécessaire à dynamiter les réseaux de propagande du camp adverse.

     

    Cette charge, elle est à chercher dans le cœur de nos compatriotes, leur attachement à un pays qui demeure vivable, donc leur rejet d’une Suisse à 12 ou 15 millions d’habitants. Parce qu’ils comprennent très bien, les Suisses, en voyant une carte de leur pays, que ce dernier, constitué principalement de montagnes, n’est pas extensible à souhait : nous ne sommes ni dans la plaine lombarde, ni dans celle de Silésie. Dès lors, vouloir limiter l’augmentation (étrangère ou autochtone) de la population ne relève ni de malthusianisme, ni surtout d’une quelconque xénophobie, ce mot-valise tellement utilisé, et totalement à tort, dans la campagne du 9 février. La question migratoire, en Suisse, ON A LE DROIT DE LA POSER. Le droit de la mettre à l’ordre du jour. Sans se faire insulter, ni traiter de fascistes. Ensuite, les consciences citoyennes diront oui ou non à Ecopop. Mais la question migratoire n’a pas, dans notre pays, à relever du tabou.

     

    Cette question fut d’ailleurs posée le 9 février dernier, Et tranchée dans le sens que l’on sait. Ce jour-là, le peuple et les cantons, souverains, ont dit au Conseil fédéral ce qu’il devait faire. Or, notre gouvernement, notre Parlement, nos très chers élus, depuis plus de huit mois, qu’ont –ils entrepris pour mettre en application cette décision du peuple ? Réponse : RIEN ! Ils ont temporisé. Freiné. Empêché. Fait barrage, au maximum. Déjà, ils parlent de revoter. Comme s’il s’agissait de corriger une anomalie passagère, une parenthèse de l’entendement. Le peuple du 9 février aurait été comme estourbi. Réveillé, il reviendrait à la « Raison ». Eh bien croyez-moi, cette suintante lenteur dans la mise en application du 9 février, elle va aider le camp du oui dans l’affaire d’Ecopop.

     

    Parce qu’il y a, dans ce pays, des citoyennes et des citoyens qui en ont marre. Ils en ont plus qu’assez que des initiatives, dûment munies des signatures requises, soient menacées d’invalidation par des corps intermédiaires, ou alors diabolisées, vilipendées, comme s’il émanait d’elles quelque chose de sale, d’indigne. Alors qu’une initiative est un ORGANE de notre démocratie, dûment reconnu et codifié par notre ordre constitutionnel. Non seulement elle a le droit d’exister, mais lorsqu’un beau dimanche elle est acceptée, elle prouve à quel point, contre tous les corps intermédiaires, elle avait raison d’exister. Sur les thèmes combinés de l’immigration et de l’attachement à l’environnement et au paysage, on l’a vu par exemple avec l’initiative des Alpes ou encore avec Franz Weber, oui, il y a le mélange explosif capable de créer la surprise. Le détonateur sera-t-il assez puissant ? Je l’ignore. Mais chaque insulte des opposants contribue à le renforcer. Verdict le 30 novembre, nous verrons bien. Et demeurerons citoyens fraternels, unis dans une même démocratie, au-dessus des clivages et des divergences.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Ecopop : Bazaine est-il disponible ?

     

    Sur le vif - Lundi 20.10.14 - 18.19h

     

    Il était assez salé, tout à l’heure à 18h, d’entendre le conseiller aux Etats Filippo Lombardi (PDC, TI) se plaindre sur la RSR du manque d’engagement d’Economie Suisse, entendez le patronat, contre l’initiative Ecopop, soumise au peuple et aux cantons le 30 novembre prochain. Ce dont la directrice romande, Cristina Gaggini, se défend : « Les moyens financiers sont à la hauteur de l’enjeu », affirme-t-elle, sans avancer de montant. Chez ces gens-là, Monsieur, on a le chiffre discret.

     

    A la vérité, de quoi se plaint M. Lombardi ? La dernière fois qu’Economie Suisse a sévi dans une campagne de grande envergure, soulevant des thèmes à la fois politiques, identitaires et économiques, c’était sur l’initiative « Contre l’immigration massive », tranchée dans le sens qu’on sait le 9 février. Oui, cet engagement massif du patronat, à coup de millions et de millions, s’est soldé par une Bérézina.

     

    Dès lors, qu’un éminent représentant de la démocratie chrétienne suisse, vieille de plus d’un siècle et dont on imaginait qu’elle avait pour ses campagnes d’autres ressources que celle de l’aumône auprès des forces de l’Argent, vienne publiquement geindre et quémander, il y a quelque chose qui ne grandit pas cette formation politique. Quelque chose d’humiliant.

     

    Humiliant, et surprenant : venir quérir le concours d’un patronat qui a complètement raté la campagne du 9 février, c’est un peu comme si la jeune Troisième République, après l’affaire de Metz, venait solliciter Bazaine pour la tirer d’affaire, dans quelque bataille où l’honneur serait en jeu. Surprenant, oui. Et quelque peu surréaliste.

     

    Pascal Décaillet