Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Meyer de Stadelhofen: mort d'un génie

     

    Mardi 15.01.13 - 12.39h

     

    La douceur d’une voix, incomparable. La politesse d’une diction. Un sens inné de l’événement. Des centaines d’archives sonores. La mémoire d’une radio, et aussi celle du siècle. Henri Meyer de Stadelhofen (1916-2013), nous a quittés le 11 janvier, à son domicile de Sion, m’annoncent ses fils, à qui j’adresse mes meilleures pensées. Il est possible que ce nom ne vous dise pas grand-chose, moi je dis que les ondes romandes sont orphelines de l’une de leurs plus grandes voix, un reporter sans égal, toujours dehors, toujours sur le terrain, toujours dans le bruissement du monde. L’homme de radio idéal, celui qui vous restitue la vie, parce que la radio, c’est la vie.

     

    Automne 1944. Libération d’Annecy. De Gaulle fait son entrée, au milieu d’immenses clameurs, dans le chef-lieu de la Haute-Savoie. Meyer de Stadelhofen est là, dans la foule, décrit ce qu’il voit, c’est juste, c’est simplement admirable. Plus tard, il sera reçu à la Boisserie, ce dont peu de journalistes peuvent s’honorer. Quelque cinquante ans après, alors que je faisais tous les étés des émissions historiques à la RSR, je reçois Stadelhofen, lui balance l’archive, il s’émeut, nous fait revivre la Libération de cette Haute-Savoie qui s’était montrée si courageuse. Une autre fois, en pleine période des fonds en déshérence, je diffuse cette archive si bouleversante où il est sur le quai de la gare de Genève, 1943 je crois, pour accueillir des enfants français, tellement heureux de se retrouver en Suisse.

     

    Je ne vous raconterai pas ici sa vie, si riche d’entreprises, de Radio Genève à Europe 1, dont il fut l’un des fondateurs, de Charles de Gaulle à Churchill, Eisenhower, Cocteau, Chaplin, de Funès, Fernandel. Je dirai simplement l’immense bonheur qui fut le mien, lorsque j’étais à la RSR, de traîner à la phonothèque pour écouter les innombrables archives de ce reporter d’exception. Il aimait les choses du quotidien, donnait la parole à tous, était comme attiré par l’événement. Surtout, il faisait ses reportages dehors, au milieu de l’action, debout, sous la pluie, dans le froid. Il n’était pas un homme de studio, mais un génie de l’extérieur.

     

    Il nous reste la douceur de cette voix, l’éternelle fraîcheur de ce regard. L’éblouissement, à chaque fois réinventé, de se trouver, palpitant, quelque part au cœur du monde.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La République - La naphtaline

     

    Sur le vif - Dimanche 13.01.13 - 14.04h

     

    La question d'autoriser ou non le mariage homosexuel, comme d'ailleurs la question d'autoriser ou non quoi que ce soit, appartient aux organes de la République. Les communautés spirituelles peuvent bien sûr donner leur point de vue, c'est bien le moins dans un Etat de libre expression. Elles peuvent tenter de faire pression, organiser des manifs, aucun problème.


    Mais la décision appartient à la République, au travers de ses organes ou de ses institutions. Ici, une majorité parlementaire. Là, une majorité du suffrage universel. Cela dépend des systèmes. Mais le dernier mot à la République, ou si on préfère à la communauté organisée des citoyens. Et à nul autre.


    Et c'est un chrétien, un catholique, qui signe ces lignes. Peut-être estime-t-il, à l'instar du Cardinal Martini qu'il a interviewé en 1996 alors que ce dernier était archevêque de Milan, et dont il a assurément lu tous les livres, que les priorités de l'Eglise du 21ème siècle sont éventuellement à chercher ailleurs que dans les préceptes de morale sexuelle.


    Bref, si j'étais à Paris, je n'irais pas à cette manif. Vous me direz que je ne vais jamais à aucune manif. Ce qui est parfaitement exact. Brailler dans la rue n'a jamais été mon genre. Mais c'est une autre histoire.

     

    Je fais partie des catholiques profondément républicains. C'est parfaitement compatible. Il suffit d'avoir lu Léon XIII, savoir ce que signifie historiquement le Ralliement, connaître Rreum Novarum (1891). Mais aussi, savoir mettre chaque chose à sa place. D'un côté, les affaires de l'Etat. De l'autre, celles des commuanutés spirituelles. Il y a - et il doit y avoir - de la place pour tout le monde. Il suffit d'ouvrir son esprit. Et peut-être aussi, accessoirement, les fenêtres. Quand l'odeur de la naphtaline est un peu trop pesante.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Elisons les meilleurs

     

    Sur le vif - Mercredi 09.01.13 - 13.20h

     

    De gauche ou de droite, peu importe. Il faut cesser d'envoyer aux affaires des amateurs. Il faut choisir des passionnés. Ceux qui, dès l'enfance, ont la politique chevillée au corps. Ceux qui lui sacrifient tout. Des Pierre-Yves Maillard. Des Pierre Maudet. Des Couchepin. Des Delamuraz. Des Furgler. Des Christophe Darbellay. Des Philippe Nantermod. Des Tornare.



    Je déteste le mythe de l'homme nouveau, ou de la femme nouvelle. Ou de la société civile. Ou de l'expert. Ou de celui qui, débarquant dans un monde dont il ne connaît rien, ferait campagne sur le thème de "la politique autrement", ou de la génération nouvelle, ou de la politique réinventée.


    On en a vus, des rénovateurs, "partis joyeux pour des courses lointaines". On a vu Michel Noir, face à Chirac. On a vu Rocard, face à Mitterrand.


    Non. La politique est un métier. Elle est une passion. Et elle est un art. De gauche ou de droite, élisons les meilleurs. A Genève, ne reconduisons pas les erreurs de casting de 2009.



    Il m'est parfaitement égal qu'une personne soit courtoise, élégante, gentille, humaine dans le privé, excellente mère de famille. Ca n'est pas cela que j'attends d'un politique. J'ai besoin d'une vision, nourrie par l'Histoire. J'ai besoin d'une culture. J'ai besoin d'une solitude. J'ai besoin d'un courage. Tout le reste, je m'en fous.

     

    Pascal Décaillet