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  • Les chiffres - Les loups - Le grand frère

     

    Sur la base des chiffres définitifs, mon analyse du scrutin - Mardi 25.10.11 - 12.49h

     

    Ils hurlent tous de joie. Des loups. S'il était encore possible, avant ces élections fédérales, de douter une seconde de l'unanimité monochrome de la presse romande, ses éditorialistes viennent, depuis 48 heures, de se démasquer à tel point que maintenant, au moins, c'est clair.

     

    Oui, ils ont arraché le masque. A les lire, à les entendre, on a l'impression que l'UDC mord la poussière. A terre, la chienne, gisante. L'impression, aussi, d'un centre qui serait désormais le grand arbitre de la politique suisse, pour quatre ans. On hurle en fonction de ce qu'on aurait voulu. Ils croient déjà que tout rentre dans l'ordre, leur ordre, l'ordre ancien, celui d'avant la montée de cette bête immonde face à laquelle, tels Thomas Mann et les plus grands écrivains de la République de Weimar, ils ont su, eux, nous mettre en garde.

     

    Face à ce tintamarre, les chiffres officiels, qui viennent de tomber : l'UDC perd certes des sièges, amputée qu'elle fut du PBD, qui demeure très clairement un parti de droite, en tout cas pas du centre, il suffit de voir la politique de Mme Widmer-Schlumpf. Mais enfin, si je sais encore lire, et malgré cette amputation d'une partie de ce qu'elle était en 2007, elle demeure, avec 26,6% des voix, de très loin le premier parti du pays. Avec près de huit points d'avance sur le deuxième, le PS (18,7%). Et avec 11,5 points d'avance sur son premier concurrent de droite, le PLR (15.1%). Ce dernier, qui perd 2,6 points par rapport à son résultat de 2007 (17,7%) enregistre la plus lourde perte. Quant au PDC, avec ses 12,3%, il perd 2,2 points par rapport à ses 14,5% de 2007. Dans ces conditions d'érosion générale et linéaire des quatre principaux partis gouvernementaux, j'ai peine à entrevoir la Bérézina qu'on veut nous dessiner.

     

    Quant à claironner sur une victoire du centre, je vous propose de laisser passer quelques mois, et d'observer attentivement les votes des Verts libéraux sous la Coupole. On y découvrira avec intérêt un parti bien bourgeois en matières financière et fiscale, par exemple. Ne parlons pas du PBD. Bref, dans les grands équilibres, à part la fragmentation du centre-droit, les masses demeurent étonnamment les mêmes : la Suisse est un pays très majoritairement à droite, au plan fédéral.

     

    Reste à voir - et là, ce sera passionnant - comment vont s'organiser entre elles les diverses composantes des droites suisses. Je prends un pari : elles vont finir pas fort bien s'entendre. Avec un « grand frère » (j'emprunte cette belle expression à ma consœur Nicole Lamon, ce matin sur la RSR) en voie d'apaisement, et les vieux partis désormais tellement rétrécis qu'il devront bien discuter un peu avec le grand frère pour obtenir des majorités. Sur toutes les questions fiscales et financières, cela se fera naturellement, sans problème. Sur les bilatérales, contentieux aujourd'hui, on peut s'attendre, dans les années qui viennent, à des concessions de part et d'autre.

     

    Et je prends enfin un dernier pari : observons attentivement, sous la Coupole, certains des PLR qui ont tenu, dans cette campagne, le discours le plus surexcité contre l'UDC. Donnons-nous deux ans, si vous êtes d'accord. Comptons les votes. Et peut-être serons-nous étonnés du hiatus entre la rhétorique du candidat et celle de l'élu. Prenez « Jules César », la pièce de Shakespeare, relisez le discours de Marc Antoine. Et vous comprendrez tout.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'absent d'Uni Mail

     

    Sur le vif - Lundi 24.10.11 - 13.45h

     

    Un homme, hier, dans le maelström d'Uni Mail, a cruellement manqué au paysage politique genevois. Un homme avec de la vision, du courage, une force de solitude. Nul, pour l'heure, ne l'a remplacé. Il s'appelle Cyril Aellen.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Poggia : l'exploit

     

    Sur le vif - Lundi 24.10.11 - 12.51h

     

    23'432 voix : Mauro Poggia est premier ! Membre d'un parti qui n'existait pas il y a quelques années, et qui n'a fait que grimper, l'avocat spécialiste de l'assurance maladie réalise un double exploit : faire entrer le MCG dans l'arène fédérale ; sortir premier de tous, sans la moindre alliance, entouré d'un classe politique qui conspue son parti. L'ampleur de l'exploit, étrangement, est peu mise en évidence dans la presse ce matin. Ainsi, pourquoi la Tribune de Genève, en page 2, dans son tableau des élus avec les chiffres, place-t-elle Poggia, graphiquement, en dernier ?

     

    Avec ou sans groupe, il y a beaucoup à attendre de cet homme (ainsi que des deux autres nouveaux, Manuel Tornare et Céline Amaudruz) sous la Coupole fédérale. Le sens politique de Poggia, son pragmatisme, sa connaissance des dossiers sur les assurances sociales, sa rapidité de synthèse pourraient assez vite faire de lui un élu signalé. Quel chemin parcouru ! Pour lui, et pour son parti ! Voilà un homme qui était seul contre tous. Constamment rabroué par certains PLR ou PDC, ses collègues du Grand Conseil, aujourd'hui non élus, et loin derrière lui. Il n'a bénéficié d'aucune alliance, il a simplement fait campagne avec une énergie phénoménale, droit dans ses bottes, beaucoup d'habileté aussi.

     

    Alors voilà, ce matin, comme la plupart de mes chers confrères oublient de souligner l'exceptionnel mérite de ce résultat, ici par distraction, là par alignement sur tel conseiller d'Etat, moi je lui dis simplement bravo. Et bonne chance à Berne.

     

    Pascal Décaillet