Sur le vif - Samedi 01.10.11 - 09.41h
La première fois que j'ai vu Armand Magnin, c'était à un meeting de Georges Marchais, fin 1974, à la Salle communale de Plainpalais. C'était surtout Jean Vincent qui m'avait frappé, ses capacités oratoires d'exception, qui contrastaient avec l'interminable discours lu, mot à mot, par le numéro un du parti communiste français. La disparition d'Armand Magnin, à l'âge de 91 ans, est celle d'un homme de courage et de conviction, à l'image de ces militants du Parti du Travail : qu'on partage ou non leurs idées, ils imposent le respect.
Armand Magnin a été député pendant 46 ans ! De 1945 à 1991. Compagnon de route de Léon Nicole, il traverse les décennies, siège aussi au Municipal de Carouge, au Conseil national, dirige la Voix ouvrière, bref il est partout. Homme-orchestre d'un parti que le vent du changement redimensionne, mais qui a totalement sa place dans l'Histoire politique de Genève. Et celle de la Suisse.
Il était venu à « Genève à chaud » il y a quelques années, en voisin des Tours de Carouge. Autour d'un verre, nous avions évoqué l'Histoire incroyable de ce groupe d'hommes et de femmes qui, certes réduit dans le nombre, est toujours là aujourd'hui. La puissance des convictions. Et la foi dans l'action collective. Deux ressorts majeurs de la politique, au-delà des idéologies, et qui survivront à ces dernières, lorsque le vent ultime les aura emportées.
Pascal Décaillet