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  • Vincent Pellegrini, l’un des meilleurs des nôtres


    Depuis plusieurs années, je considère mon confrère Vincent Pellegrini, rédacteur en chef adjoint du Nouvelliste, comme un journaliste d’une rare qualité en Suisse romande. Pourquoi ? – Parce qu’il est un homme seul. Il a des convictions, très fortes, n’a nulle peur de les afficher. Il se fiche comme d’une guigne de tout ce qui fleure la mode, jusqu’à la plus frêle paramécie de modernisme, ou l’idéologie du progrès, qu’il voit et entend bêlante comme agneaux byzantins. Il est un peu fou, comme nous le sommes tous, comme l’était Léon Bloy, l’Imprécateur, comme le sont tous les minoritaires, de gauche comme de droite, croyants ou athées, qui grattent le papier contre l’esprit du temps. Sa plume est simple et précise, toujours soucieuse d’informer.

    Eh oui :  Vincent Pellegrini, avant que d’être catholique pratiquant (ce qui relève bientôt du Code pénal), passionné d’Histoire religieuse, avant d’être l’un des rares éditorialistes de droite de ce coin de terre, osant s’assumer comme tel, et dans toute la palette culturelle de ce choix politique, avant tout cela, Vincent est un journaliste. Son blog, très étoffé (http://religions.blog.lenouvelliste.ch/), l’un des rares lieux où on ose encore nous parler du culte marial, nous livre avant tout des faits, des informations, amenées, expliquées, mises en contexte. Puis aussi des commentaires, toujours nourris de compétence. On partage ou non ses analyses, mais il y a du solide, du répondant.

    Homme de droite, Valaisan, catholique de tendance plutôt conservatrice : on en fusille éditorialement pour moins que ça, dans la moderne pâleur de nos aubes ! Notre superbe cumulard, que je soupçonne un peu de désirer les flèches comme Saint Sébastien en son martyre, a donc eu droit, tout récemment, à une philippique d’une rarissime finesse, dans le « Peuple valaisan », l’hebdomadaire socialiste de ce canton, dont je vous laisse apprécier le merveilleux esprit d’ouverture et de tolérance :

    « C’est le rédac’ en chef adjoint du Nouvelliste (un petit chanoine agressif et teigneux qui a dû recevoir, petit, le calendrier liturgique avant son abécédaire) qui nous gratifie ce vendredi (veille de Toussaint) d’un merveilleux “Non-dits” sur le dernier bouquin post-mortem de Soeur Emmanuelle, récemment canonisée saint patronne des onanistes. Passe encore qu’il lui pique la moitié du texte de son article (si à Halloween on peut même plus détrousser les cadavres encore fumants, on va le faire quand?) mais qu’on mette son charabia d’illuminé en page “Suisse”, moi ça me laisse perplexe… (…) Peut-être que Vincent c’est un gros feignant qui n’arrive pas à lâcher son missel pour s’intéresser à son boulot de journaliste? ».

     
    Je ne connais pas le ci-devant Boris Michel, signataire de ces lignes, et ne brûle pas d’impatience de déboucher un blanc surmaturé en sa compagnie. Mais je m’interroge : les responsables du « Peuple valaisan », hebdomadaire socialiste, le parti des gentils, des tolérants et des donneurs de leçons, ont-ils relu ce texte avant parution ?  Si oui, quel signal ont-ils voulu donner ? Affaiblir la « nouvelle orientation de droite » du Nouvelliste, courageusement défendue par le rédacteur en chef, Jean-François Fournier ? Si c’est le cas, c’est étonnant : les socialistes, hommes de gauche, devraient se féliciter d’avoir face à eux un vrai journal conservateur. A moins – je n’ose imaginer cette hypothèse – qu’ils ne croient déjà advenu, en forme de parousie, un monde dégagé de l’Histoire et de ses luttes, où la noirceur de la nature humaine aurait enfin cédé la place à la blanche enfance des anges.

     

    Bref, Vincent, et aussi Jean-François, je n’ai qu’un mot à vous dire : n’ayez pas peur. Et battez-vous.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • L'agneau sacrificiel

     

    La démission de Samuel Schmid, ce matin, n’est pas un acte politique, c’est un rituel sacrificiel, un inexorable cheminement de l’agneau pascal vers le couteau. Il fallait que cela fût. Cela est.


    Samuel Schmid n’est pas mort hier, pour la seule et évidente raison qu’il était déjà mort ! Nul, sur cette terre, ne peut mourir deux fois. Mort, politiquement, depuis l’affaire Nef, et peut-être même déjà avant. Roi sans couronne, chevalier sans monture, combattant sans bannière, Jean sans Terre, ombre sans soleil. Assez de raisons, me semble-t-il, pour avoir envie de s’éclipser plus ou moins discrètement. Avec, en cadeau de départ, ou comme viatique, l’acceptation, finalement, du programme d’armement par le National. Comme un ultime bijou à un amant – ou une maîtresse – dont on prend congé.


    Cette démission, à peine accélérée par les récents ennuis de santé du conseiller fédéral, c’est l’aboutissement d’un « annus horribilis » pour un magistrat qui avait sans doute cru avec un peu trop de naïveté qu’il allait pouvoir tirer profit du départ de Christoph Blocher. Un vent de traîtrise – disons un zéphyr – a soufflé au sein de son ex-parti, certaines évidences sont apparues, on a commencé à parler de double jeu, c’était déjà fini.

    Le reste, ça n’était plus que l’inexorable, juste à accomplir. Les quatorze stations d’un chemin de croix, jusqu’à l’annonce de ce matin. Le rituel du pèlerin, du pénitent, en attendant le châtiment, qui sonnerait comme une libération. Dès le 1er janvier 2009, Samuel Schmid sera, à nouveau, un homme libre. Dégagé de cette perpétuelle machine à tuer qu’on appelle le pouvoir. A coup sûr, cet honnête homme pourra – on le lui souhaite sincèrement – redevenir un homme heureux.

     

    Pascal Décaillet

  • Madame von Arx-Vernon, bleue comme une orange…


     

    Samedi 08.11.08 - 19.45h

     

    Qu’elle nous parle des hommes violents, d’un projet politique, ou simplement de la vie qui va, Anne-Marie von Arx-Vernon en impose par son réalisme, son humanité, sa recherche de la bonne solution. On a eu, une fois ou l’autre, l’occasion d’entendre, ce week-end, à l’occasion de la journée de la violence domestique, cette femme de terrain, pragmatique, la seule à qui on puisse pardonner de se proclamer de cette hérésie euclidienne, « l’extrême centre ». Expression qui évoque, chez nombre de ses collègues de parti, la liquéfaction d’une montre molle chez Dali, dans la chaleur de Cadaquès. Mais qui, chez elle, conquiert une dimension de crédibilité, tant la personne est ancrée dans le réel. Miraculeuse mutation, bleue comme une orange. De Dali à Eluard, n’y a-il pas, comme un appel à la vie charnelle, que les formes de Gala ?

    En écoutant cette députée vendredi matin, puis juste à l’instant dans Forums, je me suis mis à regretter ces voix qui, au printemps 2007, lui avaient manqué pour siéger au gouvernement de la Ville de Genève. D’autres, élus alors qu’elle ne l’a pas été, auraient beaucoup à apprendre d’elle en connaissance des hommes et du terrain, des réalités sociales (hors d’un champ théorique et idéologique). Il y a des gens, à la parole ailée, qu’on n’aurait pas un seul instant l’idée d’imaginer dans un exécutif (Jacques-Simon Eggly, Pierre Weiss), et il y a ceux, beaucoup plus rares, qu’on voit d’instinct occuper des responsabilités de décisions. Au niveau de leur propre parti, ou d’un gouvernement. Anne-Marie von Arx-Vernon, à l’évidence, appartient à cette seconde catégorie. Puisse le destin, sans trop tarder, lui en donner l’occasion.

    Au sein d’un parti cantonal qui ne brille pas toujours par la clarté de ses positions, encore moins par la solidité de sa fidélité à une Entente à qui il doit pourtant beaucoup, voilà une femme-repère. Non par l’idéologie. Mais par la fiabilité. Denrée rare sous ces bannières d’encens et d’eau bénite, où l’affairisme champêtre le dispute au clientélisme le plus cru. Il serait assez dommage que cette excellente connaisseuse de la nature humaine ne soit pas appelée à occuper, un jour ou l’autre, quelque poste signalé dans la République.

     

    Pascal Décaillet