Sur le vif - Jeudi 29.08.24 - 13.42h
Depuis hier soir, je ne puis me défaire, tant il m'habite, de ce miracle de l'ultime duo du Rosenkavalier, écouté hier soir sur Mezzo. Plus j'y pense (mais "penser" n'est pas le mot, lorsqu'il s'agit de musique, tant c'est corporel, matériel, et par là-même, par la fulgurance d'un paradoxe, de la plus haute spiritualité), plus je me dis que nous sommes, dans cette fusion de deux voix sublimes, dans l'un des moments les plus puissants de l'Histoire de la musique.
Très tôt dans mon adolescence, dès mon premier contact avec la musique de Richard Strauss, immédiatement suivi de la découverte de ses Lieder, j'avais été saisi, violemment, de ce sentiment-là : celui d'une musique unique au monde, wagnérienne par sa capacité de surgir, mais à la fois mozartienne dans son infinie finesse.
Toute ma vie, chaque rencontre avec Richard Strauss, d'Elektra aux Métamorphoses, en passant par tous ses opéras sur livrets de Hugo von Hofmannsthal (que j'ai étudiés de près, il y a si longtemps, avec Bernhard Boeschenstein), a été comme un choc électrique : la propulsion dans un autre monde.
Vous emmener, sans retour, vers Jupiter. C'est peut-être cela, la musique.
Pascal Décaillet