Sur le vif - Mardi 01.03.22 - 10.05h
En proposant une adhésion immédiate de l'Ukraine à l'Union européenne, la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, démasque trois vérités sur les élites technocratiques de Bruxelles. Une obédience atlantiste sans faille. Une voracité d'expansion - sur le chemin de l'Otan - jusqu'aux confins les plus éloignés de l'Europe de l'Est. Un alignement sur l'expansion économique, industrielle et commerciale de l'Allemagne, depuis trente ans, en Europe centrale et orientale.
Depuis trois décennies, le capitalisme allemand, moitié rhénan façon Helmut Kohl, moitié modèle américain, déferle sur les Marches de l'Est : Pologne, Tchéquie, Hongrie, Pays Baltes. La cible suivante, c'est l'Ukraine. Que ce dernier pays ne réponde en rien aux critères économiques exigés pour l'appartenance au club, n'importe pas. Le plan est d'abord de l'intégrer, et puis on y implantera, au fil du temps, les capitaux allemands.
D'un côté, l'expansionnisme de l'Union européenne, sous moteur allemand. De l'autre, celui de l'Otan. Les deux démarches vont de pair. Ce petit jeu, né dans la tête des bellicistes anti-communistes américains, à partir de Reagan, et tous les autres derrière lui sauf Trump, dure depuis trente ans.
Vouloir intégrer l'Ukraine au club de Bruxelles, c'est pousser un peu loin le rêve fondateur du Traité de Rome, en 1957. C'est surtout, venant d'une citoyenne allemande, en connaissant le passé de l'Ukraine et celui de l'Allemagne, un acte et une parole d'une indécence sans précédent, à ce niveau de responsabilité.
Ajoutez à cela les cent milliards votés dimanche, les doigts sur la couture du pantalon, par le Bundestag, pour le réarmement national germanique. Et vous commencerez à comprendre l'existence d'un sacré acteur, en plein réveil, et qui va multiplier les signes de vitalité à l'Est ces prochaines années : l'Allemagne.
Pascal Décaillet