Sur le vif - Vendredi 25.02.22 - 07.50h
L’Europe politique n’existe pas. L’Allemagne, quatrième puissance économique mondiale, ne tardera pas à jouer sa propre carte face à la Russie. En fonction d’un tropisme fondamental de la nation allemande : l’Ostpolitik.
Depuis Frédéric II de Prusse (1740-1786), le destin allemand est tourné vers l’Est. En Europe centrale et orientale, l’Allemagne a tissé des liens économiques et commerciaux exceptionnels, depuis la chute du Mur. Jusqu’à la Russie, comprise.
L’Allemagne, dans les mois qui viennent, va être amenée à jouer ses propres intérêts nationaux. Et affirmer la spécificité de sa relation avec la Russie. Des intérêts économiques vitaux, pour la nation allemande, sont en jeu.
À cela s’ajoute une chose : l’Ostpolitik, depuis Willy Brandt (1969-1974), c’est une marque de fabrique SPD, la famille politique du nouveau Chancelier, Olaf Scholz.
Mme Merkel, c’est fini. Helmut Kohl, Chancelier rhénan de Saint-Empire, c’est fini. Une autre Allemagne est aux affaires.
Cette immense puissance continentale ne jouera pas la carte européenne, pour la simple raison que l’Europe n’existe pas. Elle jouera la carte nationale allemande. Qui inclut un lien permanent avec les marches de l’Est. Russie comprise.
La grande illusion multilatérale s’est fracassée hier sur le récif du réel. Seuls comptent les intérêts nationaux. Ceux qui refusent, depuis des décennies, de les prendre en considération, sont désormais hors-jeu. Hors-sujet.
Pascal Décaillet