Sur le vif - Samedi 27.11.21 - 09.56h
Jesu bleibet meine Freude : quatre mots d’une Cantate (BWV 147), l’Allemagne de Luther et de Bach, les services du dimanche à la Thomaskirche de Leipzig. Et, au milieu du vingtième siècle, l’irruption de la grâce.
Elle porte un nom, la grâce : Dinu Lipatti, mort à l’âge du Christ, 33 ans, en 1950. Mort deux siècles, exactement, après Bach. Mort à Genève, comme d’autres meurent à Venise. La maladie de Hodgkin.
La grâce, pour toujours, portera ce nom-là, parce que dans cette Cantate, le toucher si délicat de Lipatti fait de chaque note le scintillement d’une étoile. C’est aussi simple que cela, justement parce que c’est mystérieux.
Il y a la traduction de Luther. Il y a le génie de Bach. Il y a les dons exceptionnels d’un jeune Roumain, l’un des pianistes du siècle, fauché à 33 ans par la maladie.
Il y a les doigts du destin, sur la partition d’encre noire, au milieu des étoiles.
Pascal Décaillet