Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.02.21
Je hais les groupes. Les groupes PRO, les groupes ANTI, tous les groupes. Je hais les « collectifs », et ce besoin de s’agglutiner sous une même bannière, pour faire valoir une idée. Les associations, les partis, ne sont pas pour moi.
Que chacun d’entre nous ait le courage de parler pour soi, en signant de son nom et de son prénom. Un texte, un homme (ou une femme). Un texte, un individu. Un texte, un caractère, une souffrance, un passé, des cicatrices, un destin d’humain sur la terre. Mais par pitié, pas de signatures collectives, pas de groupes !
Quand je vois, dans les journaux, des lettres de lecteurs suivies de plusieurs signatures, je vois rouge. Comment voulez-vous écrire à plusieurs ! Soit il n’y a qu’une plume, et les autres n’ont fait que co-signer. Soit ils se sont passés le brouillon, et alors bonjour le pataquès !
Un texte, une prise de position, ça engage une responsabilité individuelle, une conscience, une solitude. Et cet être seul, qui publie, interpelle tous les autres. Et il en répond ! C’est son texte, sa pensée, sa vision, c’est son style. Ces choses-là ne se transmettent pas. La responsabilité, l’autorité (du mot « auteur ») sur le texte ne se liquéfient pas dans le marécage d’un « collectif ». C’est une question de rapport à la langue. C’est une question de courage, de prise de risque. Chacun s’exprime, chacun en assume les conséquences. Trop facile de se réfugier derrière le grégaire. Trop facile de fuir ses responsabilités.
Pascal Décaillet