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Allemagne : la victoire en silence

 
Sur le vif - Vendredi 27.11.20 - 01.15h
 
 
 
Covid : la France est en train de décrocher par rapport à l'Allemagne, comme elle ne l'a jamais fait depuis la guerre.
 
C'est une réalité lourde. Un mouvement de fond, tectonique, structurel. L'Allemagne a mieux géré la crise. Mieux géré les questions sanitaires. Mieux géré l'économie. Mieux géré les finances. Mieux géré la proximité par rapport aux centres de décision. Elle a, plus que tout, mieux géré la confiance. Das Vertrauen, mot luthérien, mot puissant, biblique.
 
La France décroche. Personne ne le voit. Personne n'en parle. Et c'est pourtant l'une des conséquences majeures de la crise que nous traversons. Sans un couple franco-allemand équilibré, comme les piliers d'une Cathédrale, pas d'Europe. Juste des moulins à paroles, à Bruxelles. Juste des experts, hagards, dans le désert du sens.
 
La France sombre dans l'autoritarisme, l'arrogance jacobine. Elle n'écoute plus son peuple, elle l'inonde sous sa propagande, diabolise toute opposition à la pensée dominante, dresse des potences, libère les meutes, élève des bûchers. Elle vit, dans l'ordre de la liberté des esprits, des consciences, l'une des pires périodes de son Histoire.
 
L'Allemagne est en train de gagner un combat singulier, engagé il y a très longtemps, disons en 1806. Elle gagne, dans l'indifférence de tous. Elle gagne lentement, doucement, puissamment.
 
Elle gagne en silence. Comme les héros de la mythologie grecque, chez Friedrich Hölderlin, le géant des mots et du non-dit, dans la poésie allemande.
 
Elle gagne, non dans le mode offensif d'une symphonie au moment de l'attaque, dans l'Allegro de la naissance. Mais dans la douceur terrienne de l'Andante con Moto, celui de la Cinquième, par exemple, version Furtwängler, dans le travelling aérien de Berlin en ruines.
 
Au milieu de la Prusse en décombres, printemps 1945, tout était déjà là, perceptible. Par le miracle de cet Andante, la saisissante beauté des images, épurée comme une ruine grecque. Déjà, le renouveau. Parce que Beethoven, toujours en mouvement, du haut de ses 250 ans, donne un sens à la vie
 
 
Pascal Décaillet

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