Sur le vif - Jeudi 24.09.20 - 09.14h
J'ai toujours rejeté l'idée d'un suffrage censitaire, parce qu'il rappelle une période très antipathique à mes yeux, celle de la Restauration. Pour voter, il fallait être astreint à l'impôt, donc avoir du bien.
Je la rejette, parce qu'elle contredit violemment la conception indivisible que je me suis toujours faite de la citoyenneté. La démocratie, ça n'est pas la ploutocratie.
Je persiste dans cette ligne.
Mais je suis bien brave. Parce que je sens gronder en moi une colère montante. A Genève, plus de 36% des gens ne paient pas d'impôts. Désolé, ça n'est pas normal. Ils devraient, même modestement, contribuer à l'effort général.
Il est tout de même assez pénible, pour le contribuable de la classe moyenne, celui qui bosse dur et ne parvient pas à mettre un sou de côté, parce qu'on le ponctionne de partout, de se dire que plus d'un tiers de la population qu'il croise dans la rue se trouve totalement exonéré de l'effort public.
Et puis, il y a autre chose, qui m'exaspère, et là je touche un tabou, celui justement de la citoyenneté indivisible, principe républicain par excellence. Je supporte de moins un moins que ces gens, qui font partie de ce 36% d'exonérés, viennent nous donner des leçons sur la fiscalité.
Il y a ceux qui veulent augmenter les impôts, ceux qui veulent les baisser. Fort bien, discutons. Mais de grâce, si vous appartenez au Tiers Etat des exemptés, ayez au moins la décence - oui, la décence - de ne pas venir abreuver de leçons les honnêtes citoyens qui suent, sang et eau, pour alimenter les caisses de l'Etat. Et bossent trois ou quatre mois par an, juste pour contribuer à l'intérêt général.
Je dis décence, et le mot est faible. Parce que l'assistance que vous recevez, c'est nous qui la payons.
Pascal Décaillet