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Le tragique, l'obscur, l'essentiel

 

Sur le vif - Samedi 13.06.20 - 11.18h

 

La gauche sociétâââle adore, tous les six mois, s'enflammer mondialement pour des feux d'artifice moraux ou cosmopolites, c'est le vieux rêve trotskiste de Révolution mondiale, ils sont gens des Lumières, contemplent le bouquet final en saluant l'universel. Accessoirement, cette gauche-là a perdu tout contact avec le monde ouvrier, les oubliés, les damnés de la terre, mais c'est sans doute un détail.

Je me réclame d'une tradition de pensée - ou plutôt d'une confluence - diamétralement opposée. Rien d'universel ne m'habite, le monde ne m'intéresse pas. Mais la vie interne, intrinsèque, de chaque nation. Avec son Histoire, ses conflits, ses contradictions. Avec toute la lumineuse noirceur de ses passions. Avec le cortège de ses morts. Avec toute la puissance de sa langue, l'Histoire vivante de ses mots, comme dans le prodigieux Dictionnaire de la langue allemande des Frères Grimm, le deuxième plus grand monument de la langue allemande moderne, après la traduction de la Bible par Luther. Avec la voix de ses poètes, les chants de ses musiciens. Avec l'immensité du tragique, immobile, désespérante.

Je ne crois pas à l'idée de progrès. J'observe la permanence du pouvoir, sous le masque des apparences. L'Histoire n'offre ni lois, ni solutions. Elle nous invite juste à l'essentiel : l'exercice de la lucidité, la lecture, l'écriture, la musique.

 

Pascal Décaillet

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